Par-delà les conditions critiques dans lesquelles sont opérées les évacuations de milliers de personnes fuyant le régime des talibans depuis l'aéroport de Kaboul où sont concentrés plusieurs milliers de soldats américains et d'autres pays de l'Otan, la plupart des capitales concernées par la donne en Asie centrale s'interrogent sur la suite des évènements. La victoire des talibans qui s'efforcent de donner le change, en multipliant les déclarations de bonne volonté comme celle d'hier appelant les fonctionnaires à vaquer à leur travail sans peur, plonge le peuple afghan dans une douloureuse incertitude du lendemain, compte tenu de l'expérience déjà vécue, lors de leur exercice du pouvoir, entre 1996 et 2001. Les «fous de Dieu» n'ont pas laissé des re-grets, même minimes, de leur passage, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais leur retour a de quoi regonfler le moral de leur allié naturel, la mouvance terroriste Al Qaïda, et plus largement de toutes les factions extrémistes dont le groupe Etat islamique autoproclamé, et ce malgré les divergences profondes qui les opposent. Le «triomphe» taliban, obtenu sans grande difficulté, puisqu'il découle pour l'essentiel d'une stratégie fondée sur la patience et des négociations pragmatiques à Doha, au Qatar, face aux Etats-Unis, ainsi que d'avancées militaires très rapides face à une armée afghane, minée par la corruption et le défaitisme même si Washington parle de 2000 milliards de dollars investis en pure perte dans sa «formation» et son «équipement» va-t-il donner des ailes à tout ce qui se revendique de la nébuleuse terroriste, non seulement dans cette région du monde mais aussi en Afrique et, plus particulièrement, au Sahel' C'est, en tout cas, ce dont sont pleinement convaincus certains Etats-majors qui expriment leurs vives inquiétudes et multiplient les mises en garde, depuis quelques jours, persuadés que la victoire des «étudiants en religion» afghans, 20 ans après leur déroute conséquente aux attentats du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis, va déclencher un puissant discours de propagande et des appels d'air en direction des franges défavorisées de nombreux pays, notamment au sein de leur jeunesse. Une telle propagande aura d'autant plus d'impact qu'elle intervient, hasard du calendrier, à peine trois semaines avant la commémoration du 20ème anniversaire des attaques du 11 septembre 2001, gravées dans le marbre des hauts faits de la mouvance jihadiste. D'aucuns ont le regard tourné vers le Sahel où la France, avec ses 5100 soldats mobilisés dans le cadre de l'opération Barkhane, dit lutter contre le terrorisme depuis plus de huit ans, et n'hésitent pas à évoquer une ressemblance, certes relative, avec l'exemple afghan, dès lors que Paris a commencé à réduire sa présence au profit d'une relève européenne plus modeste et moins impliquée, historiquement, dans les sables mouvants du Sahel.
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Posté Le : 18/08/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Chaabane BENSACI
Source : www.lexpressiondz.com