C'est la hantise des autorités locales. A chaque distribution de logements sociaux, la contestation est quasiment assurée. Une contestation qui s'exprime si violemment que beaucoup de responsables hésitent longtemps avant de lancer cette opération jugée, à juste titre, à hauts risques. Le gouvernement semble avoir trouvé une parade. Le but est d'impliquer, avant toute distribution, les citoyens dans la validation des listes des bénéficiaires de ces logements. C'est le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, qui l'a annoncé, lundi dernier, en marge de sa visite d'inspection dans la wilaya d'Alger. «Rien n'empêche l'implication des citoyens et des habitants des quartiers, qui se connaissent de par le voisinage, dans l'établissement des listes des bénéficiaires de logements» a-t-il déclaré. C'est une première. L'idée est bonne dans l'absolu. Sauf que le ministre n'a pas été jusqu'à expliquer sa mise en application. Selon ses propres termes, «l'établissement des listes» répond à des préalables que sont le recensement et la constitution de dossiers. Un travail plutôt technique et même mécanique où la présence des citoyens n'est pas nécessaire. Voire même impossible compte tenu du fait qu'il n'y a, à ce stade, pas de place aux avis d'où qu'ils viennent. Par contre, une fois ce travail achevé, la liste devrait être soumise aux citoyens pour validations et/ou rejets et autres observations. Une opération qui pourrait s'inspirer de «l'enquête commodo incommodo» usitée dans d'autres cas d'utilité publique. Il s'agit simplement d'afficher, de manière très visible (dans les mairies ainsi sur le site des logements à distribuer et pourquoi pas dans d'autres lieux publics) la liste des bénéficiaires élaborée par l'administration sur la base de données préalablement recueillies par ses agents. Il est clair que l'affichage doit être fait avant le début de l'opération et a pour but de porter à la connaissance des citoyens la liste des bénéficiaires qui y sont inscrits. Un affichage qui doit avoir lieu dans des délais raisonnables pour permettre aux citoyens de s'opposer, pour x raisons, à tel ou tel nom de bénéficiaire inscrit. Le tout en bonne et due forme. Comme pour tous les recours prévus par la loi en d'autres circonstances. Après traitement, ces recours doivent donner lieu à une réponse publique de l'administration. Il reste, bien entendu, à réunir le maximum de garanties pour le traitement de ces recours. Quitte, là aussi, à prévoir la participation citoyenne. Il ne faut cependant pas se leurrer, il restera toujours difficile d'obtenir un plébiscite. D'ailleurs, l'illustration peut être faite à partir de la suite de la déclaration du ministre de l'Intérieur qui a ajouté que «les gens sortaient dans les rues pour crier leur colère parce que les noms des simples citoyens qui méritent de bénéficier des logements à distribuer ne figuraient pas sur les listes affichées». Un cas de figure tout à fait prévisible quand il s'agira de distribuer un nombre de logements inférieur à celui des demandeurs. Le seul moyen de s'en sortir est l'établissement concerté, avec les citoyens, des critères de priorité. Tout ceci est bien beau mais exige une représentation populaire indiscutable. La seule manière qui s'offre pour y parvenir est d'exiger des bénéficiaires de s'organiser pour élire leurs représentants à toutes les phases de l'opération. Belaïz a lancé une belle idée qui doit être, cependant, suivie d'une traduction et d'un développement pour sa mise en oeuvre. La méthode, si elle est bien adaptée, donnera ses fruits. Il faudra alors l'intégrer complètement et durablement dans le processus de toutes les distributions de logements visant l'éradication de l'habitat précaire. Avec ou sans les émeutes. Pour la transparence et l'Etat de droit auquel aspirent tous les Algériens. Le ministre de l'Intérieur vient d'ouvrir une voie. Il faut maintenant lui donner forme!
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Posté Le : 08/01/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Zouhir MEBARKI
Source : www.lexpressiondz.com