La bonne femme qui voulait sauver l'Algérie

La vidéo a fait le «buzz» sur la toile. Jusqu'à son authentification ou non, il subsistera un doute sur le contexte de son enregistrement, le document n'étant pas précis tel que diffusé. Mais selon les nombreuses reprises, la bonne femme ferait partie des invités du panel dans le cadre de ses «larges consultations» avec «les acteurs politiques, les activistes du hirak et la société civile». Comme il faut tout de même en arriver au propos contenu dans «l'intervention», la bouche dans une forêt de micros, en voilà l'essentiel, sommairement traduit : «où va-t-on dans ce pays où on ne peut plus distinguer une femme d'un homme '? Moi je suis pour une dictature qui préserve nos valeurs» ! Dans le ton de Madame, il n'y avait pas le moindre signe d'embarras, il y avait plutôt du défi et dans sa tête, elle ne pensait pas faire preuve de témérité. Tant qu'à faire, elle devait même prétendre à la pertinence et, histoire de ne pas s'arrêter en si bon chemin, au? génie. Pourquoi pas, puisqu'elle a eu même droit à quelques chaleureux et enthousiastes applaudissements ! On n'en connaîtra sans doute jamais la provenance mais on n'en a peut-être pas besoin. Plus de six mois après le départ d'une insurrection populaire qui a émerveillé le monde, une? femme algérienne se présente devant les micros de la presse pour déclarer avec une visible fierté qu'elle se rangerait derrière une dictature qui sauverait les «valeurs» et prémunirait le pays contre la déchéance morale dans laquelle il aurait sombré. Quelles valeurs ' Cela n'a échappé à personne, elle n'a nullement éprouvé le besoin de les préciser. De toute façon, personne n'aurait songé à le lui demander. Son propos était d'une telle clarté qu'on aurait plutôt tendance à lui concéder le mérite de la franchise. Peut-être qu'on n'a pas besoin non plus d'authentifier le document. Si la bonne femme a cru pouvoir déclarer publiquement une telle horreur, c'est parce que non seulement elle est convaincue qu'elle était dans «son bon droit» mais aussi que ça allait à coup sûr lui valoir quelque? popularité ! Alors, qu'elle ait fait sa déclaration dans le cadre des consultations du panel, à sa périphérie ou en dehors, ce n'est pas tellement important. Il y en a même qui prétendent qu'elle fait partie du panel et jusqu'à preuve du contraire, ce dernier ne s'en est pas encore lavé les mains. Mais on sait au moins qu'au vu de sa composition, il doit bien y avoir quelques oreilles attentives à ce genre de «thèses» dans ses travées. Et puis d'autres qui vont mettre ça sur le dos de la libre expression ! Plus grave, ça ne semble pas choquer outre-mesure, dans les proportions qu'on pouvait attendre, le «contexte» général aidant. La solitude des algériens de progrès semble encore avoir de «beaux» jours devant elle. L'un dans l'autre, ce genre de déclarations n'aurait pas été possible, sinon.S. L.