La bonne clé pour la bonne serrure

Le temps, c'est ce qu'il y a de plus précieux aussi bien pour les individus que pour les sociétés. Ceux qui ont su intégrer cette vérité dans leur recherche de développement économique et social sont ceux-là dont les efforts déployés ont fini par payer, parfois même au-delà des attentes. Ceux qui n'en ont pas tenu compte, cependant, sont ceux-là qui, à chaque fin d'année, à chaque occasion anniversaire, à chaque fin de mandat, bref à longueur d'année, ne finissent pas de chercher des excuses à leurs échecs répétés et à leurs revers éternels.

Longtemps, les économistes ont fait de la théorie pour présenter, sous forme de modèles, aussi boiteux les uns que les autres, les voies d'accès au développement économique et, tout aussi longtemps, ils n'ont cessé de s'engueuler à propos du «bien-être» de l'homme.

Le secret de la réussite ? Même si cela doit fâcher les économistes, il n'y a pas de secret réel dans la réussite du développement des sociétés. Il suffit tout juste d'être honnête, de miser sur les compétences et de s'impliquer sérieusement. En tout cas, dans une économie comme la nôtre qui regorge de moyens et de ressources de toutes sortes, nous n'avons pas besoin d'autre chose. Ni de bureaux conseils étrangers qui se font payer trop cher pour des évidences, ni de faux journalistes attirés par de faux publireportages, ni, encore moins, d'expertises douteuses de célèbres inconnus.

Vers la fin de son époque, Houari Boumediène, qui avait eu le temps de tirer quelques conclusions de son expérience, avait fini par tout résumer dans son fameux « intégrité-compétence-engagement».

Trente ans plus tard, comme si nous n'arrivions toujours pas à trouver la bonne clé pour la bonne serrure, nous en sommes encore à compter les tentatives vaines et les démarches infructueuses. Ce qui nous arrive toutefois est tout à fait normal car, à force de balancer les compétences par les fenêtres pour laisser place à ceux dont le seul mérite est celui de savoir applaudir les puissants du moment, à force de préférer la loyauté à l'honnêteté et la servitude des hommes à leur aptitude et à force de faire passer les exigences de la tribu avant celles du pays, il ne faut pas s'attendre à des merveilles.

Beaucoup de notre temps a été gaspillé par manque d'intégrité, beaucoup l'a été aussi par insuffisance d'implication, alors que la plus grande partie l'a été du fait d'avoir sciemment opté pour l'incompétence. Or, tout temps qui passe emporte avec lui moyens et opportunités et c'est ce qui explique pourquoi, chez nous, les moyens manquent cruellement même lorsqu'ils sont abondants et pourquoi l'on rate toutes les occasions ou presque.

La situation est-elle définitivement désespérée ? Non, heureusement, à condition, bien sûr, que dans tout ce qui est entrepris, seul l'intérêt du pays compte.