Algérie

La bombe et le scanner Tiziouzou : les autres articles


Beaucoup d'argent est affecté au secteur de la santé pour, finalement, offrir le minimum de soins pour les malades.
Plus les infrastructures sanitaires sont dotées de moyens, moins les malades ont, paradoxalement, accès à des soins de qualité. Les praticiens spécialisés continuent de déserter le secteur public, arguant de la mauvaise gestion des unités ou du manque d'attractivité du poste. Résultat, la santé publique périclite dans l'indifférence générale. Les malades, prioritairement la classe modeste, sans revenus conséquents, sont poussés froidement dans les enceintes des cliniques privées, en oubliant même de leur rappeler qu'ils doivent débourser un ou plusieurs millions de centimes.
Les Algériens ont dit au revoir à la gratuité des soins depuis bien longtemps, même si les discours officiels prétendent que le système de santé se porte bien. Des premières explorations jusqu'aux interventions, les malades doivent constituer un matelas d'argent pour passer entre les mains des médecins et des chirurgiens. Officiellement, cette déliquescence n'existe pas. En Kabylie, le seul phénomène qui focalise l'attention, c'est la chronique sécuritaire. La région est devenue un terrain des opérations, traversé par les colonnes de l'armée, plombé par la peur des kidnappings, agité par les actions de protestation diverses. La santé publique peut mourir de sa belle mort sans que cela suscite une quelconque réaction des organismes officiels ou même de la société civile.
Mais il existe toujours des esprits lucides pour nous rappeler à la dure réalité vécue, ou subie, par les habitants. Tel ce citoyen d'Azazga auprès de qui nous voulions vérifier, il y a quelques semaines, une information sécuritaire répercutée en un rien de temps à partir de sites Internet basés à l'étranger. La nouvelle faisait état de l'explosion d'une bombe aux alentours de l'hôpital d'Azazga, la rumeur poussant même les faits dans l'enceinte de la structure sanitaire. «Que se passe-t-il à l'hôpital d'Azazga '», demandions-nous. Le citoyen, qui était pourtant non loin de cet endroit, répondait calmement : «A l'hôpital d'Azazga ' Et bien, le scanner ne fonctionne pas !».
Aucune déflagration n'était arrivée à l'oreille des riverains. Par contre, le vrai drame vécu par la population tout au long de l'année est de devoir s'endetter pour se soigner. Un scanner a été acquis pour 4 milliards de centimes il y a trois par l'hôpital d'Azazga, mais faute de radiologues, les malades ne reçoivent qu'une lettre les invitant à s'adresser à la clinique privée la plus proche.
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