Algérie

"La batterie de Caroubier" détruite à Annaba: Crime contre l'histoire et l'environnement



Même le wali d’Annaba n’a pas daigné intervenir pour mettre fin à ce véritable crime contre la nature.

C’est face à une véritable atteinte à l’histoire d’une ville vieille de plusieurs millénaires que les habitants d’Annaba ont été confrontés, cette semaine, avec la démolition d’un vestige datant de 1870.

Avec l’aval de l’administration locale, chapeautée par le wali d’Annaba, un opérateur économique a ébranlé son brise-roche, mutilant scandaleusement une partie d’un incontournable monument historique, en l’occurrence la «batterie de Caroubier», faisant ainsi disparaître l’un de ses deux canons posés depuis deux siècles sur ce témoin de l’histoire locale et nationale.

La complicité des uns, la cupidité des autres et surtout l’impunité de ceux qui sont chargés de protéger l’histoire de la wilaya ont permis à cet opérateur d’entamer la construction d’un hôtel, vulgaire masse de béton, au lieu d’un patrimoine classé selon le Journal officiel n° 55 du 20 novembre 1978.

Les réactions des habitants n’ont pas tardé. Après être intervenus de façon énergique pour arrêter le massacre, ils ont lancé un appel à la mobilisation qui fait actuellement un tabac sur la Toile, via Facebook. Une pétition de plusieurs centaines de signataires est également mise en ligne.

D’autres sont sortis, hier, dans la rue pour exprimer leur colère contre le wali d’Annaba et l’opérateur auteur de cette atteinte que l’histoire ne saura pardonner. D’autant plus que la démolition partielle de ce monument, qui figure sur tous les guides touristiques du monde, notamment sur le livre référence L’index de la fortification française 1874-1914 a été entamée sans permis.

Affolé, le P/APC d’Annaba est formel. Selon lui, aucune opération de démolition ne peut s’effectuer sans permission préalable.

Quelques jours plus tôt, un autre opérateur économique a déversé, en toute impunité, des tonnes de déblais et gravats sur la corniche d’Annaba à hauteur de Ras El Hamra et Aïn Ben Soltane, deux lieux classés zones d’extension touristiques (ZET).

Les habitants, qui affirment avoir saisi la gendarmerie, la direction de l’environnement et autres services concernés se sont interrogés sur l’absence de toute réaction.

Même le wali d’Annaba n’a pas daigné intervenir pour mettre fin à ce véritable crime contre la nature.

«ll y a des barons à Annaba qui demeurent toujours intouchables. Bien introduits dans les rouages de l’administration, ils font et défont, selon leurs intérêts, au su et au vu des services de sécurité qui, par leur silence, confirment leur complicité», estiment les Annabis.

Ainsi, l’indisponibilité du foncier à Annaba a donné lieu à de graves abus, et la voracité des barons n’a plus de limite et s’oriente désormais, avec la complicité de l’administration locale, vers les assiettes abritant des sites historiques.

Mohamed Fawzi Gaïdi
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