Algérie

La bataille électorale déborde-t-elle sur les marchés '



A en croire l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), la soudaine hausse des prix que connaît actuellement la mercuriale n'est pas due aux lois du marché, mais serait l'une des manifestations de la guerre électorale que se livrent des parties occultes en prévision du rendez-vous politique du 10 mai prochain. Selon l'un des représentants de l'UGCAA, « la hausse actuelle des prix ainsi que l'anarchie qui caractérise les souks sont exploitées à des fins partisanes et électoralistes ».
L'accusation est vague, non étayée par des preuves probantes. On peut de ce fait ne pas lui accorder de crédit et considérer qu'elle a été forgée par un esprit obnubilé par la théorie du complot. Elle est cependant trop grave pour être purement et simplement rangée au registre des explications farfelues et excessives. Les autorités concernées sont par conséquent tenues au moins de sommer l'UGCAA de s'expliquer sur la question. D'énormes intérêts sont en jeu pour le scrutin du 10 mai. La bataille électorale à laquelle l'on assiste n'est pas « une soirée de gala » et certains de ses protagonistes ne sont pas des enfants de ch'ur.
Cela ne surprendra que les naïfs d'apprendre qu'aucun stratagème, aucune man'uvre, fût-ce celle de « prendre en otage » les citoyens consommateurs, ne rebute ces acteurs politiques cyniques et sans limite dans la ruse de guerre. A défaut de savoir à qui profite électoralement la hausse inflationniste, l'on peut avancer néanmoins que l'Etat en est un perdant certain. Ce climat de mécontentement populaire qu'elle exacerbe ruine inexorablement les tentatives des autorités à convaincre les citoyens de se rendre massivement aux urnes le 10 mai prochain. Or, c'est le spectre de l'abstention que ces autorités redoutent plus que toute autre perspective pour ce scrutin du 10 mai. C'est ce qui risque de se produire pour la raison que les citoyens ne se sentiront aucune motivation à accomplir leur devoir électoral, alors qu'ils sont mis dans l'incapacité de faire face à la défense financière du panier quotidien.
Si les autorités ne prennent pas au sérieux la mise en garde faite par l'Union générale des commerçants et artisans, cela voudra dire qu'elles considèrent celle-ci comme une affabulation. Or, c'est la cause du complot qu'elles ont avancée pour expliquer la nature des émeutes populaires du 11 janvier 2011. Un complot dans lequel, selon elles, ont trempé des puissances d'argent et les réseaux de spéculateurs qui dictent leur loi sur les marchés. Ces mêmes milieux ont investi le champ politique à l'occasion des élections législatives. L'expérience a démontré qu'ils ne reculent devant rien pour parvenir à leurs fins. Et certainement pas à déstabiliser le pays et l'Etat en aggravant les frustrations et le mécontentement des citoyens et en faisant jouer les connivences et les complicités dont ils disposent à tous les niveaux des appareils étatiques.
Oui, le scrutin du 10 mai se jouera en partie par le climat qui prévaudra sur les marchés et les souks, là où la patience et l'endurance des citoyens sont mises à rude épreuve.


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