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La bataille décisive de Marioupol



La bataille décisive de Marioupol
Après quelques semaines de trêve, les affrontements se sont intensifiés entre les rebelles et l'armée ukrainienne cédant de plus en plus du terrain. Trois jours après la perte de l'aéroport de Donetsk, considéré comme la place forte avancée dans la capitale régionale, le combat a repris pour le contrôle du port stratégique de Marioupol, visé, il y a deux jours, par un bombardement qui a fait 30 morts et 90 blessés. S'agit-il d'un tournant symbolique ' La conquête de Marioupol, la dernière grande ville sous contrôle de Kiev, permet de consolider le pont avec la Crimée dépendante de Kiev pour ses approvisionnements en eau, électricité et produits alimentaires. « L'offensive de Marioupol a débuté », a décrété le président de la République de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, assurant, toutefois, qu'il n'y aurait « pas d'assaut ». Cette profession de foi a justifié la montée au créneau des alliés occidentaux de Kiev pointant l'index sur les autorités de Donetsk, même si aucune partie au conflit n'a revendiqué l'attaque meurtrière de Marioupol. De retour de l'Arabie saoudite qu'il a quitté précipitamment, le président ukrainien, Petro Porochenko, qui ne voit pas d'autre alternative aux accords de paix, promet des « mesures supplémentaires » à l'issue de la réunion d'urgence du Conseil de sécurité nationale et de défense, convoquée hier. Entre l'enclume du FMI, prévoyant un nouveau plan d'aide plus massif, et l'offensive victorieuse de la rébellion, l'enjeu ukrainien en réminiscence de la vieille guerre froide institue une logique de containment aux frontières de la Russie sommée par la secrétaire d'Etat, John Kerry, de « mettre fin immédiatement » à son soutien aux séparatistes. Off course, Obama s'est déclaré « très inquiet des dernières violations du cessez-le-feu ». De son côté, l'Union européenne, qui se prépare au sommet extraordinaire des ministres des Affaires étrangères, prévu la semaine prochaine, brandit l'arme des sanctions qui frappent déjà lourdement Moscou. Le bras de fer se poursuit au Conseil de sécurité où les 15, à l'initiative de Londres, ont vainement tenté de faire adopter une déclaration musclée, mais bloquée par la Russie. La mission russe de l'Onu a relevé la partialité des membres occidentaux du Conseil de sécurité, condamnant « certaines déclarations des forces d'auto-défense » et refusant de le faire pour « les déclarations et actions souvent très agressives de Kiev ». Paralysé, le Conseil de sécurité, qui a dédié 27 sessions à la crise ukrainienne, consacre l'absence d'un consensus des grands. C'est du moins le constat dressé par le secrétaire général Ban Ki-moon qui, sans se prononcer sur la responsabilité des tirs, a « demandé instamment à tous les protagonistes de redoubler d'efforts pour réactiver les accords de Minsk » du 5 septembre. Donetsk pleurant les 13 victimes du trolleybus touché jeudi dernier par des obus, Marioupol pleurant l'attaque de samedi : la « phase la plus meurtrière » de la guerre ukrainienne est enclenchée.




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