Algérie

La Bataille de Marignane 6 juillet 2005 : La République, aujourd'hui, face à l'OAS ; Suivi de Mort pour la France - 31 mai 1961 - Alger de Jean-Philippe Ould Aoudia et Jean-François Gavoury (Histoire) - Éditions Tirésias 2006



Présentation

« Rien n'est résolu, aucun conflit n'est réglé, et remettre en mémoire ne veut pas dire remiser dans le mémoire. » Les pages que rédigent ici des fils d'assassinés par l'OAS sont plus encore qu'une mémoire, un livre de notre Histoire escamotée. Car le silence fourbit l'injustice, et la forfaiture élève les sanglants exécuteurs, ces héros de pacotille, en des martyrs de mensonge. Aussi le pouvoir veut se faire de nouveaux alibis, des "fadaises" de réconciliation pour laisser, si les enfants des victimes n'y prenaient pas garde, le négationnisme faire acte et la démission s'ériger en cénotaphe devant l'innomé. Notre République réassassine les innocents victimes et nihilise la grandeur de leurs serviteurs. L'honneur de ces hommes qui servirent l'Etat avec une loyauté, une éthique, est piétiné. C'est le factorat de l'imposture.

Dans le cas présent, les six inspecteurs des Centres sociaux éducatifs "exterminés", tout comme le commissaire Gavoury massacré, sont les victimes d'un crime imperceptible et tout honnête homme doit demander raison. Il y a condamnation à prévariquer l'honneur d'une nation mais aussi, de fait,à affaiblir ses fondements. La patrie induit tous ses enfants dans leur rôle de gardien de la liberté et de la justice.

Si les deux fils victimes de ces exécuteurs - ayant eu l'affront de revendiquer d'avoir servi à la France - ne s'étaient pas indignés, nul sinon peu n'aurait conçu d'anihiler l'hommage à l'insupportable et à l'injustice.

Il faut qu'enfin le cercueil de leurs pères repose en paix et que le travail de mémoire fasse acte pour leur deuil et l'équité. Notre patrie s'implique dans son avenir et sa jeunesse sera à l'image de la volonté d'Etat que justice, vérité et honneur soient de son Histoire. C'est le pari de cet ouvrage et l'engagement de ces fils de notre République.

Préface de Pierre Joxe

Il y a aujourd’hui plus de quarante ans que les trahisons et les crimes qui ont accompagné la fin de la guerre d’Algérie ont eu lieu.

Ceux qui ont connu cette époque ont tendance à l’oublier.

Elle est pleine de trop mauvais souvenirs, à commencer par la félonie de quelques officiers trahissant leur mission pour organiser l’assassinat d’innocents et le terrorisme qui frappa des femmes et des enfants au nom de « l’organisation armée secrète ».

Cette crise finale, venant après tant de drames, a tendance à disparaître de nos souvenirs. Ceux qui n’étaient pas nés ou qui étaient trop jeunes à l’époque, il y a une ou même deux générations, n’ont pas tellement de raisons de connaître ces faits. Si la crise a été très violente, elle a été assez brève et ceux qui l’ont traversée ont souvent préféré tourner la page.

Il y a pourtant un devoir de mémoire à l’égard des hommes et des femmes qui, après avoir passé leur vie au service de la collectivité, dans l’enseignement, dans l’administration publique ou dans la police nationale, ont été tués par des traîtres.

Ce sont aujourd’hui deux fils qui témoignent à la mémoire de leurs pères assassinés :

Le fils du Commissaire Gavoury que j’avais eu l’occasion de rencontrer à Alger pendant mon service militaire, et le fils de Salah Henri Ould Aoudia - l’un des responsables des célèbres « centres sociaux », qui faisaient notre admiration sous l’impulsion de Germaine Tillion.

Mais plusieurs dizaines d’autres fonctionnaires, enseignants, policiers, ou militaires loyaux ont été assassinés par l’OAS en 1962. L’OAS a aussi brûlé des écoles et détruit par incendie les centaines de milliers de livres de la bibliothèque universitaire d’Alger.

Quelles que soient à présent les conséquences juridiques des lois d’amnistie, ces crimes là sont aussi ineffaçables que l’honneur des serviteurs de l’Etat dont ils ont provoqué la mort et auxquels il est juste de rendre hommage.


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