Algérie

La «bataille d'Alger» bat son plein, selon les candidats Alors que les observateurs évoquent une désaffection populaire



La «bataille d'Alger» bat son plein, selon les candidats                                    Alors que les observateurs évoquent une désaffection populaire
C'est la dernière ligne droite. A moins de six jours de la clôture de la campagne électorale pour les élections locales du 29 novembre, les partis et leurs candidats engagés dans la course aux Assemblée locales (APC et APW) déploient toute leur énergie pour convaincre les électeurs à se rendre massivement aux urnes et à opter pour leurs listes respectives.
Ils sont conscients de l'ampleur de la désaffection populaire et veulent changer la donne avant le jour du scrutin. Alors que le constat sur le terrain fait état d'un désintéressement des citoyens, les représentants des différents partis politiques gardent toujours l'espoir. Ils ambitionnent de forcer le destin.
A Alger, où d'habitude les électeurs ne votent pas massivement en comparaison avec d'autres wilayas, les candidats se montrent confiants. Ils se disent satisfaits de «l'engouement» de la population et rêvent «d'une place au soleil». «On a enregistré un intérêt grandissant des citoyens pour cette élection. Il y a un réel désir de changement.»
La carte de «l'expérience»
Ces phrases reviennent tout le temps dans les bouches des candidats et représentants des formations politiques que nous avons rencontrés, dimanche et lundi derniers, dans différentes communes de l'Algérois. Nouveaux ou anciens partis, ils affichent tous la même ambition : rafler le maximum de sièges et, pourquoi pas, d'Assemblées. «Nous avons placé des gens compétents, qui ont une parfaite maîtrise des problèmes de notre commune. Nos candidats sont tous des enfants de la commune qui peuvent apporter un plus à la gestion de notre cité», lance Younsi Azzeddine, tête de liste du Front des forces socialistes (FFS) dans la commune de Oued Smar. Elu sortant de cette APC, notre interlocuteur estime que «le FFS jouit d'une importante crédibilité auprès des habitants de cette localité».
«Les gens veulent le changement. Le FFS est très bien accueilli ici. C'est ce que nous avons senti durant nos déplacements dans les différents quartiers», assure-t-il. La population de cette cité difficile, ajoute notre interlocuteur, est à la recherche d'élus compétents et expérimentés pour «gérer avec abnégation leurs affaires». Il se pose en alternative. «Je connais les problèmes de la commune. Il y a en premier lieu le chômage et l'environnement. La commune de Oued Smar dispose d'une zone industrielle en mesure de résorber le chômage des jeunes. Mais pour cela, il faut un maire sérieux et capable. Avec des contacts personnels avec les responsables des entreprises activant dans la zone industrielle, on peut décrocher des postes de travail. Et je peux faire cela», assure Younsi Azzeddine. Dans cette commune, le FFS a même ouvert un bureau spécial pour accueillir et sensibiliser les femmes. «C'est une première et les femmes ont beaucoup apprécié ce geste», confie Khettab Lilia, jeune licenciée en droit et candidate sur la liste du FFS à l'APC de Oued Smar.
La carte des candidats «expérimentés» est jouée pratiquement par tous les partis prenant part à ces élections dans la capitale. Les formations traditionnelles, comme les nouvelles organisations créées en 2012, ont adopté cette stratégie. C'est le cas aussi pour le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Pour sa liste APW, ce parti a convoqué d'anciens élus (mandat 1997-2002) pour accompagner de jeunes cadres afin de mieux aborder la bataille du 29 novembre. «Notre programme touche à tous les secteurs. Nos candidats sont animés d'une bonne volonté pour donner à Alger le statut de capitale méditerranéenne», expliquent Mebarki Makhlouf, tête de liste APW du RCD et Abarkan Omar, candidat.
Leur formation avait décidé de boycotter les médias lourds (télévision et radio), les candidats du RCD sont contraints, selon eux, à «se donner à fond dans la campagne de proximité». Ils sillonnent la capitale depuis le 4 novembre. «Nous avons tracé un programme pour toucher toutes les communes. Nous avons choisi de faire campagne même dans les localités où nous n'avons pas présenté de listes», précise Mebarki Makhlouf. «Lors de nos sorties, nous avons constaté que malgré la campagne de dénigrement menée par le pouvoir contre notre parti, le RCD reste crédible aux yeux des citoyens. Les gens nous ont écoutés et ont apprécié notre programme. Avec cet engouement des citoyens, je peux vous dire que le RCD réalisera un très bon score. Mais cela reste tributaire des conditions dans lesquelles se déroulera le scrutin», nuance-t-il.
Les nouveaux partis se mesurent à «leurs aînés»
A Alger-Centre, le parti des travailleurs (PT) voit, lui aussi, grand. La formation de Louisa Hanoune aspire à prendre la place du RND, qui est confronté à de graves dissensions internes dans cette commune. «Notre tête de liste est un cadre qui cumule 24 ans de service au sein de l'APC. De plus, il est un enfant d'Alger-Centre et connaît parfaitement les besoins de la population», dit Aloui Farid de Mechdal Younes, tête de liste du PT pour l'APC d'Alger-Centre. «Le discours du PT porte et les citoyens nous suivent avec beaucoup d'intérêt», estime-t-il. Dans cette commune, de nouveaux partis veulent jouer les trouble-fête. Le Mouvement populaire algérien (MPA) de Amara Benyounes semble vouloir ravir la vedette au RND qui gérait l'APC une dizaine d'années durant. Ce nouveau parti a fait appel au vice-président d'APC sortant et transfuge du RND, Abdelhakim Bettache, pour tenter de rafler le maximum de sièges. «Nous voulons introduire une autre manière de gérer les affaires de la commune. C'est la gestion participative.
Nous voulons travailler avec les associations et les comités de quartiers», indique Abdelhakim Bettache. Les partis traditionnels, à l'image du FLN et du MSP, sont aussi la cible dans d'autres communes d'Alger. Des leaders de nouveaux partis les tiennent pour responsables de «la gestion chaotique» de la capitale. Ils prônent alors le changement.
Le front El Moustakbel, dont le secrétaire général est ancien militant de l'ex-parti unique, se dit en mesure de créer la surprise à Alger. «Nous ne faisons pas des promesses chimériques aux citoyens. Notre programme est basé essentiellement sur du concret.
Nous voulons régler les problèmes dont souffre quotidiennement le citoyen et sur lesquels les élus sortants ont failli», affirme Malouka Azzeddine, candidat du front El Moustakbal dans la commune de Oued Smar. «Notre commune est très riche, mais sa population est pauvre. C'est paradoxal ! La population ne veut plus supporter cette situation et veut changer», lance-t-il, en reconnaissant que la campagne électorale «est froide». C'est ce que nous avons d'ailleurs constaté dans les différents quartiers d'Alger. En dehors des QG de campagne et des espaces réservés à l'affichage, rien n'indique que des élections sont en préparation et que le scrutin aura lieu dans quelques jours'


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