Le spot
télévisuel mettant en scène Madani Meslem alias Kouider Lem..., on n'ose pas la
suite par respect pour le personnage, laisse perplexe devant un tel irrespect
pour le téléspectateur.
De tous les modes
de communication, celui de l'information et de l'éducation à la santé est sans
aucun doute le plus délicat à instrumentaliser pour le changement de
comportement souhaité. Dans le cas qui préoccupe plus d'un, la grippe « A »
H1N1 appelée communément grippe porcine, le message que tente de délivrer, en
toute bonne intention assurément, notre comédien populaire, est un véritable
flop médiatique. Le sketch semble l'emporter sur la gravité de la situation. La
scène burlesque des jambes qui s'entrechoquent dans une bassine, de la
bouillotte sur la crâne et du thermomètre entre les lèvres est d'une nullité
désespérante. Son misérabilisme est accentué par la nudité du local qui ne
comporte qu'un rustique canapé sur lequel va s'allonger notre fiévreux malade.
Dans pareil cas, la logique voudrait que l'on s'empresse de consulter son
médecin traitant. Ce plan suggère que le quidam vit seul, le trait
communautaire de notre société est allégrement éludé. Cette séquence, superflue
du reste, semble introduire la notion de fièvre, existe-il des états grippaux
sans fièvre ? C'est à se le demander ! Quant à la partie en noir et blanc du
spot, à part la prise de la main courante de l'immeuble, suggérant la
transmission des germes, le reste n'apporte rien de nouveau. La seconde partie,
relative aux précautions à prendre, est plus porteuse que la précédente.
L'intention d'informer intensivement l'emporte sur la visée didactique, la
surcharge ne pouvant que brouiller les esprits.
Il est établi par tous les spécialistes de
l'art que l'acte d'informer ne doit jamais laisser entrevoir plusieurs
interprétations ou langages qui prêteraient à confusion. Le message visuel peut
avoir plusieurs connotations, selon que l'on s'agresse à l'enfant, à l'adulte
ou au genre. Il peut aller à ce titre, des couleurs, à l'accoutrement des
personnages, jusqu'à l'ambiance générale du champ visualisé. Un spécialiste
national de la communication sociale a vécu une mésaventure, il y a de cela
quelques années, lors d'un meeting international à Bruxelles. Il s'agissait
alors pour chaque participant de présenter et de commenter les supports
(affiches, dépliants) de son pays. A cette époque-là, la campagne antitabagique
nationale était menée tambour battant et c'est à ce titre que la tête d'affiche
des supports médiatiques était constituée d'un homme qui fumait un billet de
banque de 200 DA roulé comme une cigarette. Notre représentant qui vit les
visiteurs s'agglutiner fortement autour de l'affiche, fut surpris par l'unique
questionnement du public: pourquoi votre bonhomme porte-t-il une chemise rose ?
Question à laquelle il ne put répondre; le choix de la couleur de la chemise ne
participait d'aucune intention.
Ce spécialiste de la communication en voulant
avoir le coeur net sur la question, s'entendit dire que cette couleur est
portée généralement par les membres de la communauté gaye de leur pays. Ceci ne
peut que conforter la nécessité de mise à l'essai de tout document à visée
communicative et de recueil de la rétroréaction.
La redondance est la pire ennemie du message
destiné à la masse ; celui-ci doit être court et circoncis pour une saine
appréhension. Sa longueur peut le mener à l'excès et par conséquent au
désintéressement. Le spot sur les accidents de la route qui passe actuellement,
aurait pu s'arrêter à la désincarcération du conducteur accidenté ; le
commentaire emphatique qui s'ensuit, explicite déjà les dangers de la conduite
automobile par mauvais temps. La suite qui consistait à montrer l'échec de
l'intervention chirurgicale dans un champ fortement hémoglobiné est, à notre
sens, inutile. Le seul état du véhicule renseignait sur le devenir de la
victime.
Sous d'autres cieux, certains spots ne font
que suggérer, laissant libre cours à l'imagination et c'est peut-être là tout
le secret de l'interactivité. Il n'est laissé aucune place à la passivité.
Il est, par ailleurs, tenu compte des
contextes socioculturel et même cultuel des groupements humains auxquels on
s'adresse, pour délivrer des messages d'ordre généraliste ou spécifique. Le
représentant du Fonds international de sauvegarde de l'enfance (Unicef) en
Algérie des années 80 rapportait cette expérience vécue en Inde, lors de
l'exécution de son programme de limitation des naissances. Cet Etat, connu
alors pour sa démographie galopante, lançait une grande campagne de
sensibilisation de ses populations.
Les contextes ethnique, religieux et
linguistique constituant une immense mosaïque de ce pays, on fait prendre aux
pouvoirs publics en charge du dossier, toutes les précautions d'usage. A
l'exercice, les réalités du terrain ont vite fait de faire déchanter les
initiateurs quant à la pertinence de leurs thèses. Les deux affiches qui
devaient amener la population à une prise de conscience dans la limitation de
la taille de la famille, ont été inversement interprétées au grand dam des
spécialistes de la chose. La première affiche modélisait une famille idéale,
composée du couple et de deux enfants, bien mis et habitant un cottage, la
deuxième affiche montrait, quant à elle, une famille nombreuse déguenillée
occupant un taudis. Les observateurs, non surpris du regroupement des femmes
autour la famille modèle, n'en furent pas moins secoués par la réaction, pour
le moins inattendue, de ces mêmes femmes. Elles exprimaient de la commisération
vis-à-vis du couple modèle qui, selon leur propre conviction, n'avait pas assez
d'enfants !
Il était clair que le référent social de la
grande taille de la famille était plus prégnant que la volonté sociopolitique
de ce pays. Entre-temps, le pays des Maharadjah est devenu ce grand pays
émergent, que d'aucuns admirent pour son envolée socioéconomique.
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Posté Le : 24/12/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Farouk Zahi
Source : www.lequotidien-oran.com