Algérie

La base cotisante s'affaiblit



La population des travailleurs non déclarés a plus que doublé ces dernières années, secteur agricole non compris.n L'Algérie dispose pour les salariés d'un régime de retraite basé sur le principe de la répartition. Il est fondé sur l'existence d'une solidarité intergénérationnelle. En d'autres termes, les pensions de retraite reçues par les retraités sont directement financées par les cotisations sociales prélevées sur les revenus des actifs. Ce système est géré par la CNR. Le rapport actif cotisant et retraité est donc un élément très important pour la capacité du système à assurer le financement des retraites. Depuis plus de 5 ans, le système national des retraites fait face à des difficultés financières dues à plusieurs facteurs : la faible croissance des revenus de cotisations, l'augmentation constante des dépenses et le départ massif en retraite anticipée. Aujourd'hui, 2 travailleurs seulement cotisent pour un retraité, alors que l'équilibre de la CNR nécessite 5 cotisants pour 1 retraité, selon le directeur général de la Caisse, Slimane Melouka. Tout le monde s'accorde à dire que le système de retraite actuel et son fonctionnement doivent être réformés. D'aucuns divergent sur le diagnostic et les voies de sortie de crise. Les principales critiques adressées à la démarche actuelle des autorités algériennes insistent sur l'existence d'une réserve importante de travailleurs "non déclarés" au sein du secteur informel. Selon l'ONS, l'emploi informel non agricole au sens de la définition du Bureau international du travail (BIT) est estimé en septembre 2014 à 3 517 000 occupés qui déclarent ne pas être affiliés au régime de la sécurité sociale, ce qui constitue 37,7% de la main-d'?uvre totale non agricole, 40,6% de l'emploi masculin total non agricole et 24,2% de la main-d'?uvre féminine totale non agricole. Ventilé par âge, l'emploi informel non agricole semble toucher davantage les jeunes, puisqu'il absorbe 92% de la main-d'?uvre âgée de 15 à 19 ans, cette part décroit sensiblement avec l'âge pour atteindre 53,3% des personnes âgées de 60 ans et plus. Selon le secteur d'activité, ce type d'emploi est plus présent dans les secteurs du bâtiment et travaux publics et le commerce respectivement 75% et 63,8% de la main-d'?uvre totale ; il est relativement moins présent dans le secteur des transports et communication (46,2%) ainsi que dans le secteur de l'industrie manufacturière (44,8%). L'évolution entre 2001 et 2010 de l'emploi informel fait ressortir une progression nettement plus rapide de ce type d'emploi par rapport à l'emploi structuré. L'effectif est passé de 1 648 000 à 3 921 000, soit une population qui a plus que doublé en l'espace de 10 ans, alors que l'emploi structuré s'est accru de 43,1% durant cette même période. Selon certains experts, La CNR détiendrait des créances pour plus de 400 milliards de DA sur des employeurs qui déclarent leurs employés. La recherche d'une plus grande formalisation de l'activité économique devrait générer des ressources importantes pour la CNR. Pour d'autres experts, le contexte algérien est différent du contexte européen. L'Algérie bénéficie d'une structure démographique plutôt favorable. Cette exception démographique aurait pu constituer une aubaine, si l'économie algérienne générait beaucoup d'emplois. Mais ce n'est pas le cas. La croissance en Algérie est peu génératrice d'emplois. Le taux de chômage a atteint 11,7% en septembre 2018, contre 11,1% en avril 2018. Le FMI table sur un rebond à 13,3% en 2020 qui toucherait essentiellement les jeunes catégories parmi les demandeurs d'emplois. C'est dans ce contexte de croissance économique anémique, d'un important niveau de chômage et de baisse substantielle de ressources budgétaires que le dossier du financement des retraites se pose. La réforme du système, si elle est inéluctable, doit passer par un débat national.

Meziane Rabhi


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