Les habitants de Nedroma continuent à fréquenter « Hammam El Bali », un bain construit il y a plus de neuf siècles. Le Sultan et tous les princes de la dynastie de l’onzième siècle des Almohades (1095-1147) utilisaient cette bâtisse adjacente à la grande mosquée (Jammaa El Kébir). Ayant une forte ressemblance par un style architectural quasi identique avec les grandes mosquées de Tlemcen et d’Alger, la mosquée de Nedroma est considérée comme l’une des plus anciennes mosquées d’Algérie. Elle a été construite par l’émir Almoravide Youcef Ibn Tachfine en l’an 474 de l’hégire (1 081), en plein quartier de la Tarbi’a. A vrai dire, le tunnel reliant la résidence du Sultan de la ville à ce bain existe à ce jour à la Casbah historique de l’ancienne Médina. Le passage par cet édifice dont les eaux chaudes purificatrices jaillissent du sol demeure particulièrement vivace pour les femmes et les hommes, qui le préfèrent pour faire leur cure.
Ce bain est ancré dans une histoire socioculturelle qui a joué un rôle important parmi les populations tant urbaines que rurales de toute la région de Nedroma, berceau des Almohades. Sa baraka est encore présente. « Lorsque je me rendais à cet ancien bain depuis mon enfance, c’est comme si je pratiquais un rite à la fois social, culturel et religieux, pour repartir ensuite plus léger et plus en forme, après une relaxation intense qui me détend les muscles et me soulage des courbatures et douleurs ligamentaires.
Les gens aiment bien prendre leur bain. Dans ce bain, les pensées allaient surtout à nos ancêtres qui prenaient leur bain entre les murs de briques, d’argiles et de carreaux de céramiques anciens de ce bain. C’est donc un endroit de rencontre pour se remémorer l’histoire des Almohades qui ont régné dans toutes ces traditions ancestrales de la région de Nedroma », commente Bouazza, un ancien habitant de la Casbah. Et d’ajouter : « malgré la pandémie de Covid-19, le Hammam El Bali est unanimement apprécié pour ses vertus relaxantes et thérapeutiques. Les plus vieux se lèvent à l’aube, pour se laver ou pour faire leurs ablutions à la mosquée adjacente, pour la prière de Fadjr ». Selon d’autres habitants, « de nombreuses jeunes filles prennent leur bain purificateur avec leurs familles et amies quelques jours seulement avant la grande fête de mariage. La tradition des rites autour de ce hammam veut aussi qu’elles fassent la même chose avec leurs belles-familles après le mariage. Avec ses doigts teintés au henné et ses jolies robes, la mariée est accueillie avec sa nouvelle famille à sa sortie du bain par un cortège de voitures à l’extérieur, dans une atmosphère de joie et sous les youyous. Son emplacement à l’abri des regards assure beaucoup l’intimité des femmes qui viennent de partout pour prendre leur bain ».
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Posté Le : 01/04/2023
Posté par : tlemcen2011
Ecrit par : K.Boumediene
Source : algeriepatrimoine.wordpress.com