La Banque mondiale et l'information

Une quinzaine de journalistes maghrébins (Algérie, Maroc et Tunisie) ont pris part à un séminaire de formation organisé par la Banque mondiale à Casablanca (Maroc) du 25 au 26 octobre.  Parce que l'information change tout le temps, la Banque mondiale dont l'ouverture graduelle en matière de communication au grand public est plus ou moins récente, a voulu, en initiant pour la première fois une telle formation, s'ouvrir davantage en montrant aux journalistes les techniques d'accès à l'information via le site de la banque.  Le but de cette politique d'information, note-t-on du côté de la Banque mondiale, est de faciliter l'accès à l'information, non seulement, sur les projets et programmes de développement mis en place dans le cadre de la stratégie de coopération, mais aussi aux connaissances qui sont produites dans le cadre de travaux analytiques ou de travaux de recherche réalisés par les différentes filiales du groupe de cette institution financière mondiale.  Il reste que dans les pays du Maghreb, le Maroc reste le premier bénéficiaire des projets de la Banque mondiale. Des dizaines de ces projets sont lancés dans le royaume pour réduire une pauvreté galopante mais aussi apporter de l'expertise et de l'assistance technique au gouvernement. Le royaume chérifien considéré comme étant un pays à revenus intermédiaires profite à fond des services qu'offre la Banque mondiale à travers ses cinq institutions à savoir la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), l'Association internationale de développement (IDA), la Société financière internationale (SFI), l'Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) et le Centre international de règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI). Le programme de la Banque mondiale touche la quasi-totalité des secteurs.  Certains pays, comme l'Egypte et récemment la Syrie par exemple, ont même sollicité les experts de cette institution financière pour les aider, et ce n'est pas une blague, à mettre sur pied une « stratégie » pour communiquer correctement avec leur population.  Pour ce qui concerne notre pays, il n'existe que deux projets qui sont en cours. Il s'agit de la modernisation du système budgétaire lancé depuis le 6 février 2001 pour un montant de 23,72 millions de dollars et d'une assistance technique dans le secteur des Transports initiée depuis le 23 août 2001, dont le prêt dégagé par la Banque mondiale s'élève à plus de 8 millions de dollars.  Mais le débat autour de cette information que veut rendre publique la Banque mondiale dans la région MENA via les médias (maghrébins) a vite tourné à un débat politique face aux experts dépêchés depuis Washington.  En effet, au moment où ces experts ont prôné lors des deux journées de formation une diffusion équitable de l'information sur un même pied d'égalité pour chaque pays membre, il s'avère qu'au Maghreb, le Maroc est toujours le premier à avoir l'information diffusée au préalable par le groupe de la Banque mondiale. Pis que cela, les informations distillées sur le Net et destinées aux autres pays du Maghreb notamment l'Algérie et la Tunisie sont très souvent préparées au bureau de la banque au Maroc.  Cette question soulevée à maintes reprises lors du séminaire, n'aura jamais de réponse. Ni la chef de l'unité de coordination de l'unité des services publics d'information pour la région MENA, ni le responsable des relations extérieures pour la même région n'étaient en mesure de nous répondre.  Pourtant, un rendez-vous a été pris le soir de la clôture du séminaire pour une interview, mais bizarrement, tous nos interlocuteurs avaient disparu de l'hôtel où nous étions hébergés sans même nous avertir.  Les organisateurs du séminaire ont, semble-t-il, voulu « emmurer » le débat autour d'un exposé didactique destiné à juste savoir comment accéder aux bases de données de la banque, même avec plusieurs jours de retard par rapport à d'autres, ce qui constitue de fait, une « entorse » à la politique d'ouverture prônée par la Banque mondiale.