Algérie

La banque et la traque du blanchiment



La banque et la traque du blanchiment
La banque devient un lieu à risque pour les «blanchisseurs» d'argent. Quand on dit la banque, ce sont toutes les institutions financières qui sont concernées. Y compris les CCP. En effet, le règlement 12-03 de la Banque d'Algérie relatif à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, vient d'être publié par le Journal officiel dans sa dernière livraison. Ce qui le rend aussitôt applicable. Ce nouveau règlement remplace celui de 2005. Dorénavant donc, «Les banques, les établissements financiers et les services financiers d'Algérie Poste sont soumis à l'obligation légale de déclaration de soupçon dans les formes réglementaires et en requérir accusé de réception» comme le stipule l'article 12 dudit règlement. Tout mouvement de compte inhabituel devra retenir l'attention des banquiers et, le cas échéant, en informer la Cellule de traitement du renseignement financier (Ctrf). Quelques exemples de mouvements suspects sont cités par ce même règlement. Sont visés les comptes en monnaie nationale et les comptes en devises. Un nouveau tour de vis qui touche le milieu du trafic en tous genres. Ceci dit, verrouiller les banques c'est bien, mais est-ce suffisant' Il faut d'abord s'entendre sur ce qu'est le blanchiment d'argent. C'est un bien mal acquis recyclé dans le circuit traditionnel. Pour le détournement de biens publics, les dispositions du règlement en question sont une bonne digue. Mais pour l'argent du racket, des kidnappings, pour tous les butins provenant du terrorisme, ce n'est pas aussi évident. Pourquoi' A cause de la «chkara»! Oui, car c'est principalement dans les achats immobiliers (foncier et immeuble) et de véhicules que cet argent est recyclé. Sans passer par la banque. D'ailleurs, il n'y en a pas à Tidjelabine. On y va avec son sac d'argent. Attention, tous ceux qui fréquentent les marchés de l'«occase», ne sont pas des terroristes. C'est la pratique érigée en règle, c'est tout. On se méfie du chèque. Les gens font des transactions de centaines de millions de dinars sans se connaître et sans traçabilité possible. C'est le «ched-med». Tu me donnes l'argent, je te donne la voiture. Pour l'immobilier, la «chkara» circule, mais pas pour la totalité de la transaction. Juste pour le surplus du prix déclaré. L'autre partie est versée sur le compte du notaire qui la reverse, plus tard, et après l'enregistrement, au vendeur. En général, le surplus est largement supérieur au prix d'achat et de vente porté sur l'acte. Pour bien faire, le gouvernement devrait penser à renforcer le règlement de la Banque d'Algérie par un mécanisme similaire qui obligerait les études notariales et les services des cartes grises de l'administration. Ce qui renforcera les points de surveillance et, bien entendu, la lutte. Il ne faut cependant pas croire qu'ainsi, le tour sera joué et que sera enterré à jamais le blanchiment d'argent. Il restera toujours cette partie occulte des transactions immobilières que nous avons citées plus haut et qui continuera à échapper à la vue. Et comme ce sont de gros mouvements d'argent, on comprendra la toute relative efficacité du règlement de la Banque d'Algérie. Il faudra attendre le retour de l'imposition du chèque pour tous les paiements dépassant 50 000 dinars pour que la digue contre le blanchiment d'argent devienne vraiment étanche. Ce qui ne remet nullement en cause l'utilité du règlement de la Banque d'Algérie que vient de publier le JO. Il a l'avantage de limiter les dégâts. Pour rester optimiste, disons qu'une digue s'élève progressivement avant de ne plus laisser passer de fuites. Contre le blanchiment d'argent, le règlement 12-03 est un nouveau tour de vis. Il ne doit surtout pas être le dernier!


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