Algérie

La ballerine aux crotales



La ballerine aux crotales
Cela fait plus de soixante ans qu’elle pratique la danse et plus de cinquante ans à sillonner la planète. Elle est habituée des scènes de Colombie, des Etats-Unis, de Cuba, du Brésil, d’Italie, d’Allemagne, de Russie, du Maroc, d’Afrique du Sud, d’Egypte, d’Espagne, de Chine, d’Inde, du Japon, d’Australie, de Thaïlande : le monde est sa petite maison. Sonia Amélio, la première dame de danse du Mexique, est à Alger. «Quel merveilleux peuple. Les Algériens m’ont ouvert leurs portes et leurs cœurs», a-t-elle confié aux journalistes, dimanche soir à la salle du palais de la culture Moufdi Zakaria, à Alger. Sonia Amélio venait de lancer la troisième édition du Festival international de la danse contemporaine d’Alger. «Traces» est le titre choisi à cette manifestation que dirige Mebarka Kaddouri et que préside Fatma Zohra Namouse. Selon les organisateurs, 16 pays participent à cette nouvelle édition. Malgré ses 70 ans, Sonia Amélio a réussi, avec charme et sensualité, à porter toute la charge d’une danse classique et contemporaine à la fois. En ballerines et chaussures à talons, elle a accompagné les musiques de l’Allemand Johannes Brahms, du hongrois Frantz Litsz, et du Tchèque Bedrich Smetana. Elle a ajouté la touche chaude mexicaine en utilisant les crotales grecs. Présents en Egypte aussi, ces instruments de percussions sont les ancêtres des castagnettes espagnoles. Sonia Amélio est considérée comme la meilleure joueuse de crotales au monde ! «Je veux donner une âme mexicaine à mes chorégraphies. Il est parfois difficile de jouer des crotales, suivre les rythmes et danser à la fois. Je me suis habituée. J’utilise les musiques classiques et mexicaines. Je souhaite même danser sur les rythmes algériens et orientaux», nous a-t-elle dit. La démarche artistique de Sonia Amélio est simple et profonde : la gestuelle, le mouvement, la lumière forment un ensemble poétique. Tantôt le drame transparaît même sur le visage de l’artiste, tantôt l’allégresse reprend ses droits. La passion est là, forte et convaincante. «J’aime ce que je fais, j’aime, vous comprenez !», a-t-elle confié sans trop de mots, presque avec candeur. Elle aurait pu peut-être ajouter : «Je suis un artiste, moi», la célèbre phrase du compositeur allemand Richard Strauss, dite dans un autre contexte historique. Sonia Amélio est plongée dans l’univers de la musique et de la danse depuis l’âge de six ans. Elle apprend le piano, la danse classique et traditionnelle espagnole et sud-américaine. Elle ne se contente pas de cela, elle compose la musique, joue du piano, dirige des orchestres et interprète des rôles au cinéma et à la télévision. En 1969, le célèbre cinéaste américain Sam Peckinpah l’avait choisie pour film western The wild bunch (La horde sauvage) aux côtés de William Holden et Ernest Borgnine. En juin 2011 à Moscou, Sonia Amélio a été décorée par le président russe, Dmitri Medvedv, avec le prestigieux prix Pouchkine, du nom du fondateur de la littérature russe moderne. «Je vais bientôt revenir en Russie pour une autre tournée», nous a dit l’artiste mexicaine, surnommée «Prima ballerina» dans son pays. «Il y a avait de la nostalgie et de l’humour dans la danse de Sonia Amélio. A voir ce qu’elle fait vu son âge, c’est quelque chose de complètement fabuleux. Il y avait beaucoup de générosité et d’énergie. C’était un grand moment de danse», a témoigné Mohamed Badawi, journaliste et écrivain, choisi parmi les intervenants aux conférences accompagnant le festival. Khalida Toumi, ministre de la Culture, a couvert d’un burnous blanc Sonia Amélio. Elle a refait le même geste pour la grande artiste sénégalaise Yaye Katissene. La soirée a été entamée par une danse de la troupe El Badr de Tindouf. Une chorégraphie qui relève du contemporain brut. Les jeunes filles de la maison de la culture de Tizi Ouzou ont, elles aussi, exécuté une danse légère à mettre plus dans le registre du moderne que du contemporain.
 


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