Algérie

La baisse du pouvoir d'achat réduit l'impact des revalorisations



La baisse du pouvoir d'achat réduit l'impact des revalorisations
Les spécialistes de l'économie fondée sur la connaissance considèrent l'éducation comme une forme d'investissement dans le capital humain. La somme des connaissances acquises tout au long du processus d'éducation devant permettre à leur bénéficiaire de produire une valeur ajoutée pour la société et le pays, et de s'assurer des moyens de subsistance décents.Adam Smith affirmait, pour sa part, qu'un surplus d'éducation engendrait un surcroît de revenus. Autrement dit, plus on avance dans les études, plus on est censé être assuré de trouver un emploi, dont le revenu serait substantiellement plus important que si on s'était arrêté à un niveau d'études inférieur. Le gain de ces quelques années d'études en plus compenserait le manque à gagner lié au fait de ne pas rejoindre le monde du travail plus tôt.Selon les données relatives aux salaires, en Algérie c'est loin d'être le cas. Les chiffres de l'ONS de 2014 montrent que la différence entre les moyennes de salaires d'un travailleur sans instruction et d'un travailleur de niveau supérieur est d'à peine 20 000 DA (22 000 contre42 000 da respectivement).Entre le détenteur d'un niveau secondaire et celui d'un niveau supérieur, la différence est de seulement 10 000 da. Entre un agent d'exécution et un cadre, il est de 31 000 da. Dans le secteur de l'Education, le salaire moyen est inférieur à 36 000 DA par mois.La récurrence des protestations dans le secteur de l'Education, avec souvent comme revendications des augmentations de salaires, laissent perplexe quand on sait que le gouvernement a, à plusieurs reprises, annoncé des revalorisations. Selon Meziane Meriane, porte-parole du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (SNAPEST), «les salaires ont été revalorisés de 150%» depuis que les grèves ont lieu, mais l'insatisfaction reste intacte en raison de la détérioration du pouvoir d'achat qui n'a jamais pu être retrouvée. «Dans les années 1990, on touchait l'équivalent de 500 dollars, aujourd'hui avec la dévaluation du dinar on touche l'équivalent de 250 dollars».Le salaire moyen dans le secteur reste autour de 30 000 da quand un enseignant en fin de carrière touche à peine 70 000 DA, déplore-t-il. Même son de cloche du côté de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (UNPEF) selon son porte-parole Messaoud Amraoui : «Il y a eu des revalorisations, mais elles ont été réduites à néant par la baisse du pouvoir d'achat.C'est pour cette raison qu'au niveau de l'UNPEF nous ne demandons pas une hausse des salaires, mais l'instauration d'une prime en fonction d'un indice qui mesurerait la cherté de la vie». «Un enseignant au ventre vide ne peut rien donner aux élèves», affirme-t-il. Dans l'enseignement supérieur, la situation n'est guère meilleure. «Comment voulez-vous être un levier du développement du pays quand vous touchez un salaire de misère», s'insurge Abdelmalek Rahmani, coordonateur du Conseil national de l'enseignement supérieur. Selon lui, un maître assistant commence avec un salaire de 43 000 DA par mois.En moyenne, les salaires dans le secteur varient entre 60 000 (maître assistant) et 130 000 DA (professeur). Des augmentations, il y en a eu certes, mais elles auraient favorisé surtout «les enseignants de rang magistral», soutient notre interlocuteur, en précisant que «les enseignants universitaires sont constitués à 85% de maîtres assistants et de 15% de professeurs et de maîtres de conférences».Des chiffres du ministère de l'Enseignement supérieur font plutôt état d'un rapport d'un tiers/deux tiers en faveur des maîtres assistants. Dans un cas comme dans l'autre, Abdelamalek Rahmani considère «une honte» que les enseignants en soient encore à revendiquer des salaires et des logements et qu'ils soient encore «emprisonnés dans des questions matérielles» quand on attend d'eux de participer à l'effort de développement du pays.


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