La «abaya» et les dédales de la réalité

Le pouvoir français s'est encore une fois engouffré dans une situation contre-productive. Il décide de renforcer la laïcité en s'agrippant avec un autoritarisme rigide à l'interdiction de la «abaya» à l'école comme si elle était un tir de canon contre la République. Il ne tient pas compte du fait que le fondement républicain et de la laïcité est d'abord essentiellement un esprit. Or en accordant une importance démesurée au seul apparat vestimentaire, il forge un esprit contraire à la consolidation d'un vivre ensemble harmonieux.Le ministre de l'Intérieur français, responsable du culte de surcroît, est encore allé plus loin en décidant d'expulser de leurs logements les parents des écoliers qui n'adhèrent pas à l'arbitraire de son énoncé. On ne peut faire mieux pour élargir la discorde chez un large pan de la société française qui s'estime rejeté et donner naissance à un fort communautarisme des esprits. De ce rejet auquel on n'a pas pris garde, est né l'intégrisme. Ce sont de telles décisions qui élargissent la cassure au sein d'une société et ne militent pas pour sa sérénité. Elles sont à l'origine de la fragmentation sociale par l'incivisme haineux qu'elles provoquent.
Les Anglais ont été plus sereins et circonspects pour donner à leur école une couleur unie autrement mieux unificatrice de leur société. Ils ont opté pour l'uniforme écolier. Chez eux, l'éducation scolaire n'a pas été otage de tiraillements politiciens que suscite la course au pouvoir et incite aux accommodements utiles pour obtenir une majorité parlementaire.
La peine que s'est accordée le gouvernement français a toutes les chances de se perdre dans les dédales de la réalité. Elle ne fera qu'augmenter un malaise déjà persistant au sein de la population française harassée par d'autres préoccupations autrement plus objectives. Elle ne fera que pervertir et ternir la laïcité dans les esprits.
Les porteuses de la «abaya» s'initient déjà à trouver des parades vestimentaires pour démontrer qu'un habillement peut changer sous la contrainte, mais que l'esprit revêche peut se développer.