Algérie

La 700e couche de peinture



La 700e couche de peinture
Les coulisses ont parfois leurs échos, comme les murs semblent avoir des oreilles. En promenant mon regard velléitaire sur tout cet embrouillamini de la campagne électorale, où l'on conspire à coups de peaux de banane, je n'en suis plus qu'éc'uré.
Si certains prétendants s'efforcent d'être réalistes par rapport à la situation qui prévaut actuellement et cherchent des solutions aux préoccupations des citoyens, d'autres, par contre, ignorants comme des mules, vont accourir avec leur petit pot de peinture fraîche et leur pinceau pour relooker leur vitrine. Ce sont ceux-là que nous dénonçons. Manipulateurs-nés, démagogues, loquaces, ces spécimens poussent comme des champignons. Il y en a partout. On marche dessus. On ne sait plus où donner de la sébile. Et c'est ce succès lui-même qui inquiète. On a beau traire la vache à lait des institutions locales, il faut quand même rajouter un peu de blé. Zoom : tremblant et suant de partout, affublé d'une barbiche postiche et d'un costume à la Robin des Bois, notre «loqua-casseur» du samedi soir vient remplir sa noble tâche dans un repaire saturé par des andouilles qui ne savent qu'imiter les manières et les singeries de leur maître vénéré. Parmi cette foule, il y a une pauvre partie exploitée, ignorante, la tête dans le sac, qui fait confiance à ces rapaces voraces, qui espère en la sagesse de ceux qui la dirigent. On comprend qu'elle ne voie rien, qu'elle n'apprécie pas le cours et la portée des événements. On s'installe : à voir certaines andouilles et certains crédules qui ont envahi la salle, et dont les ovations violent le diapason, je soliloque : «Mais qu'est-ce qui se passe' Où va-t-on' Qu'arrivera-t-il demain'». Bref, le cinéma commence, tâchons de décortiquer les entre-lignes : Alors ' Par quoi faudrait-il commencer ' On passe en revue le côté halluciné, délirant des événements et on livre juste cette perle au sommet du grotesque «hagiographique» : «Mes amis, la situation est catastrophique !!!». On matraque la table. La foule est éberluée. Nonobstant cet aplomb ahurissant, par empoisonnement, c'est finalement le même rituel. On inonde de fadaises cette foule qui souffre déjà de la canicule provoquée par deux heures d'attente. Oui, messieurs, le Zaïm doit toujours se faire attendre. On bassine la foule à tout bout de champ en répétant les mêmes âneries, sachant pertinemment de quel côté les tartines sont beurrées. Beau programme pour les crétins mystico-politiques, qui rêvent de reprendre l'esplanade parlementaire. Il ne leur manquait qu'à pousser alors des hauts cris, se rouler par terre, se mettre de la cendre sur la tête et se comporter en général comme un chaste qui aurait trouvé la photo d'une star pour donner libre cours à ses désirs fantasmagoriques. C'est extrêmement rigolo, si on arrive à lire jusqu'au bout le jargon qui bouillonne en ce drôle de cratère. Il n'est pourtant pas difficile d'utiliser sa trompette, ça doit servir dans toutes les circonstances, non ' Enfin, une intervention raisonnable dans un océan de conneries incroyables. On exhorte la foule à éviter le boycott.


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