Algérie

La «6ème» sera gratos en 2008



C'est Benbouzid qui le dit. Les élèves de la 6ème année primaire, cuvée 2008, seront vernis. De toute l'histoire de l'enseignement en Algérie, jamais le passage au collège n'a été aussi «facile», ni aussi «cool» que cette année. Pourquoi ? Tout simplement parce que le ministère de l'Education a décidé que ces élèves passeront en 6ème quelles que soient leurs notes à l'examen de passage. Les vents vivifiants de la réforme sont passés par là, et il n'est pas possible, pour le ministère, de laisser ces élèves en rade de la «réforme qui a reçu une bonne note de la Banque mondiale», selon Benbouzid. Entre nous, on se demande ce que «l'exemple à suivre» en matière de réforme dans l'éducation botterait la Banque mondiale. M'enfin ! Le propos présent est de se demander comment le ministère de l'Education, sans en référer ni aux parents ni aux enseignants, annonce, à trois mois du passage de l'examen de la 6ème, que cette épreuve ne comptera que pour du beurre, le passage étant assuré. Là, posons-nous la question: comment les élèves, prêts à trimer et sacrifier des parties mémorables et interminables de football dans leurs quartiers sur l'autel du passage au collège, à l'adolescence, vont interpréter cette décision ? A-t-on encore un peu de respect pour les parents d'élèves, tirés à hue et à dia par des réformes menées à une vitesse astronomique ? Non, soyons sérieux, annoncer à près de trois mois de la date de la tenue d'un des examens majeurs dans la vie d'un élève, n'est pas très académique, pour ne pas dire autre chose. Car à partir de ce moment, c'est dire à ces élèves que les vacances sont là, à portée de main. Et, dans ces conditions, tous les potaches qui vont passer cet examen vont baisser le stylo, et donc abandonner leurs études. A-t-on consulté leurs enseignants dans cette nouvelle aventure du système éducatif algérien ? Apparemment, le ministère a pris toutes ses précautions, même à prendre en charge les élèves qui n'auraient pas obtenu une bonne note à cet examen. Mais avec l'annonce fin février (plus exactement le 26) que tous les élèves ne sont pas recalés, c'est pratiquement les quelque 20.000 candidats potentiels qui vont faire l'école buissonnière jusqu'à date fatidique. Apparemment, le ministre s'est précipité pour annoncer une mesure qui ruine un peu plus le niveau scolaire de nos enfants, une décision angoissante et qui inquiète davantage tous ceux qui pleurent sur l'état de délabrement dans lequel a été précipité «Licoule» algérienne. Jusqu'au point de produire des «tarés», des «zinzins», des «oualou» qui ne savent pas où se trouve le Pérou, qui est Guevara ou quand s'est déroulée la Seconde Guerre mondiale. Oualah, chiche, posez ces questions à vos enfants ? Donc, on en est arrivé maintenant, sacrée déchéance, à voir nos enfants passer des «écueils pédagogiques» importants, incontournables dans leur cursus scolaire, et être assurés de passer, la fleur aux dents, au palier supérieur. Est-ce toujours cette fatalité implacable qui nous poursuit parce que nous avons les hommes que nous méritons ? Donc, enfin, quoi, ces élèves de 6ème «gratos» vont dans quelques années passer au lycée sans subir une épreuve éliminatoire, et ainsi le Bac, si nous avons bien compris cette logique de notre ministère de l'Education ?


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