L'annonce de la ministre de la poste et des technologies de l'information et de la communication du lancement de la 4G mobile en 2015 en a étonné plus d'un. Surtout que l'annonce est distillée au moment du report (technique) de la 3G. Si le lancement de la 4G vient à se réaliser dans les délais annoncés, il peut être un facteur différenciateur entre les opérateurs et les usagers en raison des coûts de connexion et des terminaux.Alors que le lancement commercial de la 3G mobile vient d'être reporté pour des raisons techniques inhérentes à la signature du décret exécutif portant l'attribution définitive des licences pour les opérateurs (qui a été finalement signé lundi et transmis aux intéressés), voilà qu'on nous annonce le lancement de la 4G pour le début de l'année 2015, soit dans moins d'un an et demi La ministre de la Poste et des technologies de l'information et de la communication (MPTIC), Fatma-Zohra Derdouri qui a eu du mal à justifier le report de la date de lancement de la 3G, prévu le 1er décembre, auprès de l'opinion, a fait cette surprenante annonce. Il est ainsi, selon la ministre, « possible que le processus de lancement de la téléphonie mobile 4G sera effectif au début de l'année 2015 ». Elle en fait même un « engagement du gouvernement ».« Je ne crois pas du tout à cette annonce du lancement de la 4G. C'est de la pure fuite en avant. De la pure diversion! Incapable de maitriser le lancement de la 3G on annonce la 4G! », commente à chaud Ali Kahlane, président de l'Association algérienne des fournisseurs de services internet (AAFSI) Pour lui, cette annonce n'est qu'un cafouillage « en haut lieu » qui démontre encore une fois que « nous ne savons absolument pas ou nous allons ». « La navigation à vue continue depuis plus de 10 ans dans le secteur des TIC », ajoute-t-il. Sur la faisabilité d'une telle entreprise, M. Kahlane estime que la 4G, qui devrait permettre des débits allant jusqu'à 150 Mbps, va générer un important besoin en bande passante. Selon lui, nous avons déjà actuellement des problèmes pour fournir suffisamment de bande passante pour l'ADSL, sans compter que les opérateurs de la téléphonie mobile s'inquiètent de ne pas pouvoir en avoir suffisamment pour la 3G de la part de l'opérateur historique Algérie Télécom par lequel ils sont obligés de passer, selon une des obligations du cahier des charges de la 3G. Pour notre interlocuteur, Algérie Télécom aura tout le mal du monde à assurer ce service. Et de s'interroger sur les investissements engagés par l'opérateur historique dont les effets sur le terrain ne sont pas visibles sur le terrain pour les professionnels du secteur et les citoyens.La 4G incontournable mais à quels coûtsEn fait, bien avant le lancement du processus de la 3G, de nombreux experts ont exhorté les pouvoirs publics d'aller directement vers la 4G pour rattraper le retard en matière d'Internet haut débit. Le gouvernement a fini par trancher en faveur la 3G, bien qu'elle soit une technologie en fin de cycle, réclamée par les opérateurs eux-mêmes. Il faut savoir que lors du Congrès Mondial du Mobile en 2011, il a été décidé que la 3G devait arriver à terme en 2014. La décision d'aller vers la 3G arrangeait les affaires des opérateurs qui ont investi depuis longtemps dans cette technologie, et qui avaient hâte de « récupérer » leurs investissements. Maintenant, le gouvernement veut lancer la 4G, exactement en fin de vie de la technologie 3G, dont le processus est en cours, et qui ne devrait pas se généraliser à l'ensemble des wilayas du pays avant trois ans.« La 4G est incontournable et l'Algérie n'aura d'autres choix que d'y aller », estime pour sa part, Ahmed Damou, président de l'Association algérienne de transfert de technologie (2A2T). « Le passage de la 3G en Algérie est une bonne chose mais trop tardive. Mais, mieux vaut avoir du haut débit mobile que rien », ajoute-t-il. Pour lui, la couverture en très haut débit mobile de la 4G de l'Algérie est un enjeu considérable multidimensionnel. Le très haut débit est un levier de croissance important pour l'économie avec des gains de productivité importants et des emplois qualifiés. « C'est une occasion unique pour développer une économie tournée vers les services et améliorer ainsi les classements très défavorables en TIC », dit-il. Selon notre interlocuteur, l'intérêt du pays plaide pour la 4G car elle permettra de « démocratiser » rapidement internet sur tout le territoire national. L'engagement de la ministre pour le lancement de la 4G mobile n'est pas handicap, selon M. Damou. Pour lui, la licence pourrait être accordée à un seul ou à plusieurs opérateurs, comme ça pourrait être accordé à un « opérateur des opérateurs », une sorte de grossiste qui desservira les opérateurs qui le veulent. « On peut imaginer qu'un opérateur veuille offrir uniquement la 3G. La 3G et la 4G ne sont pas du tout incompatibles et offrir la 4G sera un élément différenciateur pour les opérateurs », explique-t-il. Mais si la 4G offre indéniablement un débit plus rapide que la 3G, son déploiement posera probablement d'autres soucis. Car en en plus de la question des prix des offres, qui se posera avec plus d'acuité étant donné que les investissements dans la 4G seront plus chers, il faut aussi se pencher sur les terminaux 4G dont les prix sont, eux aussi, plus élevés que ceux supportant la 3G.
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Posté Le : 04/12/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yazid Ferhat
Source : www.maghrebemergent.info