Résumé : Azzedine est partagé. Si les gendarmes la retrouvent, elle risque la prison. Qui est-elle vraiment ' Pourquoi est-elle partie ' Les propos réconfortants de sa s'ur ne ramènent pas la paix en lui. Il veut développer la pellicule mais le technicien est déjà en train de fermer. Il devra attendre jusqu'au matin. Demain est un autre jour. Malgré tout, il espère son retour.
- Déjà là !
Le technicien est surpris de trouver Azzedine en train de l'attendre. Il n'est pas encore 8h.
- Bonjour ! Vous avez passé la nuit à attendre ici !, plaisante-t-il.
- Oui, répond Azzedine sans sourire. Vous allez vous en occuper maintenant '
- Bien sûr ! Donnez-moi le temps de mettre les machines en route.
Cela prend un moment. Azzedine est resté derrière le comptoir et le regarde faire. Lorsqu'il voit les premières photos tomber, il ne tient plus en place. Le technicien sourit devant son impatience.
- Vous voulez les voir maintenant '
- Oui.
Il les pose devant lui, sur le comptoir. Azzedine les saisit et pose chaque photo qu'il a regardée. Les dernières qu'a prises sa s'ur sont lors de l'excursion avec les colons. Il les range dans une enveloppe que lui tend le technicien. Dans les autres photos, il y a bien Dalila. Mais celles-ci sont soit floues, soit sa dulcinée est de profil, en plein soleil. Si bien qu'on ne peut pas voir ses traits.
- Vous ne pouvez pas les améliorer '
- Impossible, le soleil derrière la jeune fille ou la lumière du projecteur gâche la netteté de la photo, explique le technicien. Allah ghaleb, j'aurais voulu faire mieux !
Azzedine est déçu. Il n'a aucune photo d'elle où on peut voir ses traits. Aucune de face, juste des profils flous. Etait-ce voulu de sa part ' Il le croit, car à chaque fois qu'elle était la cible de l'objectif, elle se tournait. Déjà, elle pensait à ne rien laisser après son départ.
Le technicien remarque que ses mains tremblent quand il ramasse les photos. Il lui tend une deuxième enveloppe où il les glisse. Les lèvres pincées, il sort un billet et le pose sur le comptoir. Il n'attend pas sa monnaie, le saluant d'un geste de la main. Une main invisible l'étrangle. Une fois loin du labo photo, il s'arrête et s'appuie à un arbre, à l'ombre.
Azzedine ne sait plus ni quoi penser ni quoi faire. S'il n'y avait pas ces photos ratées, il croirait l'avoir imaginée. Dalila est la perle rare qu'il n'a cessé de chercher. Pendant des années, il s'est résigné, persuadé qu'aucune femme ne pouvait l'émouvoir. Sa famille, en particulier sa mère, avait toujours pensé qu'il était victime d'un mauvais sort jeté par quelqu'un de jaloux et de malintentionné. Bien des fois, il a trouvé des petits papiers avec des signes cabalistiques dans ses poches. Combien de fois il l'avait surprise en train de brûler des bâtons d'encens. Il se rappelle s'être souvent emporté contre elle, lui reprochant gentiment de trop en faire. Mais cet envoûtement pour Dalila est si puissant qu'il en est à s'interroger si toutes les incantations des marabouts africains n'ont pas fonctionné. Lui le célibataire endurci a été désenvoûté.
Il est prêt à tout pour la retrouver. S'il faut s'adresser de nouveau à la gendarmerie, pour savoir qui elle est et même s'ils l'arrêtent, il est prêt à lui trouver un bon avocat pour la défendre. Il ne supporte pas l'idée qu'elle ne fasse plus partie de sa vie. Elle n'a rien pris de particulier, juste son c'ur.
Azzedine retourne au centre de vacances et il est surpris de trouver l'oncle Rabah et les autres moniteurs et animateurs en train de l'attendre.
- Mais où étais-tu passé ' Tu aurais pu prévenir ta s'ur, laisser un mot, lui reproche le premier responsable du centre. On s'inquiétait...
- Je m'excuse ! J'aurais dû y penser !, dit-il, comme pris en faute. Je voulais développer les photos et voilà...
Rabah saisit l'enveloppe qu'il lui tend et en sort les photos.
- Incroyable ! lâche-t-il. La gendarmerie ne pourra rien en tirer ! Elle est méconnaissable dessus !
- Je sais ! J'enrage ! Je ne pourrai jamais la retrouver, savoir qui elle est, pourquoi elle a pris la poudre d'escampette ! Je suis perdu comme jamais je ne l'ai été de toute ma vie !
(À suivre)
A. K.
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Posté Le : 03/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Adila KATIA
Source : www.liberte-algerie.com