Algérie

L'urgence d'une nouvelle politique



Le morcellement des terres et l'absence d'organisation des filières de production entravent le développement du potentiel agricole national.Les chiffres avancés lors de la conférence sur la contribution du secteur de l'agriculture dans la diversification de l'économie nationale, qui s'est tenue récemment en marge de la Foire de la production algérienne (FPA), indiquent que la surface agricole globale s'élève à 43,98 millions d'hectares, dont seulement 8,59 millions d'hectares sont exploités. Or, de la bouche même du ministre de l'Agriculture, il est impossible de réaliser des opérations d'exportation régulières sans l'élargissement des surfaces cultivées et la modernisation des techniques de production. Interrogé à propos de ces statistiques officielles, Akli Moussouni, expert senior et directeur des programmes au cabinet "CIExpert " lance tout de go : "Ce sont des chiffres adoptés depuis des dizaines d'années dont l'origine ne peut être que douteuse puisqu'il n'y a jamais eu d'expertise efficiente du potentiel foncier agricole qui s'étend du nord au sud du pays et dont la nature du sol est diversifiée comme pour le climat qui y règne et le relief." L'autre argument mis en avant par cet expert agronome a trait à la "dilapidation de terres agricoles à travers l'avancée du béton et celle du désert qui n'ont jamais fait l'objet d'une expertise".
À présent, argue-t-il, le foncier agricole familial subit une "dépilation" des plus graves à cause de son morcellement à travers le phénomène d'héritage, auquel n'ont pas échappé également les domaines publics attribués en exploitations agricoles communes et exploitations agricoles individuelles. C'est cette succession de réformes non engagées avec une vision stratégique qui a conduit, a-t-il souligné, le foncier agricole à cette situation. Ainsi, chaque exploitant agit en "agrégat dispersé". Ce qui a donné lieu à un morcellement des terres, aggravé par une absence d'organisation des agriculteurs autour des différentes productions. Et les conséquences négatives ont été aussitôt ressenties notamment les crises qui ont secoué la plupart des filières agricoles, la flambée constante des prix des produits sur les marchés et l'anarchie qui caractérise le secteur de la distribution dont il n'existe pas de circuits réguliers.
Pour y remédier, Akli Moussouni propose la mise en ?uvre d'une nouvelle politique agricole fondée sur deux axes principaux. Il s'agit, pour lui, de la "création de filières des produits agricoles (celles qui existent n'ont pas les caractéristiques de véritable filière), d'une part, et la réorganisation de l'administration sur la base du physique des territoires agricoles en exploitant les moyens existants, d'autre part". Par ailleurs, le ministère indique que le secteur compte 1,26 million d'exploitations agricoles avec 2,6 millions d'ouvriers, qui ont réalisé un taux de croissance de 2,7% au cours des dix dernières années et un taux de couverture des besoins alimentaires nationaux évalué à 73%.
Non convaincu de ce bilan , le directeur des programmes au "CIExpert" note qu'un "nombre d'exploitations aussi important sur une surface de 8,59 millions d'hectares, démontre à quel point ce morcellement a réduit la superficie exploitable à 6,86 hectares pour chaque exploitation qui dispose chacune de 2 ouvriers en moyenne". Akli Moussouni estime qu'il est utopique de générer un produit suffisant pour le consommateur algérien et encore moins de le projeter sur le marché international dans de telles conditions.


B. K.


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