Algérie

L'urgence d'ouvrir des centres d'accueil et de créer le dialogue Un tiers des SDF souffrent de troubles psychiatriques sévères


Sur 840 personnes sans domicile fixe en Algérie, 13,2% sont atteintes de troubles psychotiques (schizophrénie, troubles délirants persistants...), 12,2% sont frappées pas une anxiété sévère et 6,7% sont dépressives, selon la dernière étude de l'Observatoire du Samu social. Au total, pas moins de 31% des sans-abris souffrent d'un trouble psychiatrique grave, soit beaucoup plus que dans la population générale (1% à 2%). De même, le risque suicidaire (21,8%) est cinq fois plus élevé pour les SDF. Un tiers d'entre eux souffre d'une addiction, au premier rang desquelles se trouve l'alcool. Si certains troubles comme la schizophrénie peuvent être à l'origine de la perte d'emploi et de logement, d'autres, comme la dépression, semblent plus souvent en être la conséquence.
L'étude suggère la prévention de la perte de logement des personnes malades afin d'éviter les ruptures de soins. Interrogée sur le cas de l'errance, Malika Chougar, psychologue clinicienne à Tizi Ouzou, définit l'errance comme étant un trouble de la sociabilité, se manifestant par des affections psychiatriques telles que la dépression, la paranoïa, l'hétéroagressivité'
Selon la psychologue clinicienne, «l'origine de cette pathologie remontrait à l'enfance des malades qui a été mouvementée et agitée et dont la souffrance réapparaît à l'âge adulte.
La plupart des malades mentaux errants ont vécu soit en institution, soit à la DAS et se sont sentis abandonnés. «Le manque de structuration sur le plan psychologique (stabilité sur le plan affectif, relationnel, social et matériel) est la conséquence du sentiment de rejet perpétuel.
Ces personnes sans abris souffrant de pathologies psychiatriques ne possèdent pas la base sécuritaire qui leur permet de se développer et de créer leur propre identité (qui sont-ils ' d'où viennent-ils ' où vont-ils '). «Les personnes errantes n'ont pas acquis leur statut d'adulte pour pouvoir se plier aux règles de la société et accepter qu'on leur vienne en aide», a tenu à expliquer Mme Chougar.
Elles éprouvent constamment le sentiment d'insécurité et de menace d'anéantissement dans leurs têtes et n'ont pas de racines et errent à longueur de temps.
Elles ne font pas confiance à autrui car elles sont dans un état de destruction psychique et cela est dû à un trouble de la relation précoce : mère-enfant.
Ce sont des gens qui ont eu des rapports conflictuels avec leurs proches et plus précisément avec leur mère et n'arrivent pas à trouver l'assurance nécessaire pour affronter la réalité étant donné qu'ils ne l'ont pas eu dans leurs enfance. Ces malades sont marqués à vie et la fracture peut réapparaître à n'importe quel moment (situations familiales insupportables, chômage, séparation, perte de son travail').
Pour remédier à ce fléau social qui prend des proportions dramatiques et qui peut toucher tout un chacun, Mme Chougar a préconisé l'instauration d'un milieu rassurant autour de ces malades en les encourageant à sortir de leur isolement.
Elle propose de communiquer avec les SDF errants, d'aller à leur rencontre et de leur donner confiance en eux en discutant avec eux, en écoutant leurs angoisses sans les juger. Il est aussi important de mettre en place des structures d'accueil et d'écoute aux malades mentaux où ils pourront s'intégrer à des équipes de travail (ateliers d'écriture, couture, menuiserie').Cela leur permettra de recouvrer confiance en eux et de retrouver assez de dignité pour se reprendre en main.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)