Dans une ville où les signes de la précarité sociale et de l'anarchie urbaine sont visibles partout et où s'amoncellent les sachets et les gravats, parler d'économie verte, de revalorisation d'atouts touristiques et... de dénombrement des oiseaux migrateurs relèverait presque d'un contresens. A tout le moins d'une incongruité. Pourtant, l'initiative de l'association « Darna », créée en 2005, est révélatrice d'un état d'esprit encourageant dans une région où se trouve le chott Echergui à cheval sur quatre wilayas (El Bayadh, Saïda, Tiaret et Naâma). S'étendant sur une superficie de 8.555 km2, c'est la plus grande zone humide d'Algérie. Ce n'est pas la seule potentialité que la région peut faire valoir. Une rencontre a réuni, durant deux jours, à l'Institut technologique Ahmed-Medeghri, des membres d'associations qui luttent pour la préservation de l'environnement et croient encore au fait de sensibiliser les citoyens sur la possibilité de tirer le meilleur profit des ressources de la nature. Beaucoup d'entre eux ont souligné, aussi, l'urgence de stopper les processus de dégradation qui à Saïda ont surtout affecté le tapis végétal et les métiers de l'artisanat. La disparition de l'alfa, qui faisait la renommée de la région, en est l'une des conséquences les plus inquiétantes. D'une formule saisissante, un forestier à la retraite, venu de Mecheria, nous a expliqué que dans les années 70, un hectare de pâturage nourrissait huit moutons. « De nos jours, il faut huit hectares pour nourrir un ovin », relève-t-il. On a beaucoup évoqué, parfois vivement, la fragilisation des sols et les voies et moyens d'y remédier. Il en ressort que tout le monde doit s'impliquer, institutions, citoyens et associations. Les participants sont venus d'Oran, de Tlemcen, de Naâma, de Tiaret et de Laghouat. La rencontre, à laquelle avait assisté l'ancienne gloire du football national, Saïd Amara, a surtout permis à de nombreux universitaires de présenter des communications sur des problématiques liées aux écosystèmes. Il faut non seulement les « protéger, mais les valoriser pour en faire une source de revenus », dira le président de l'association, Boualem Mohamed, dès l'ouverture des travaux. La rencontre a, surtout, valu par la collaboration du « bleu ». Il s'agit d'un bureau de liaison université-entreprises. Des chercheurs dans les laboratoires de biologie et de physique chimie ont parlé de leurs travaux et des conditions et contraintes de la recherche. Ainsi, le Dr Kahloula a évoqué les différentes vertus thérapeutiques des plantes qu'on trouve dans la steppe et le Dr Kaïd, les procédés de lutte contre les déchets. Si les centres d'intérêt paraissaient quelque peu éparpillés, car on passait des nuisances du plastique aux richesses de la faune ou de la flore ou des difficultés des entreprises à investir dans le domaine du tourisme, on se rejoignait sur l'urgence de prendre en charge l'environnement le plus immédiat. Des idées ont fusé sur les meilleures voies pour tirer profit des potentialités dans la perspective de bâtir cette économie verte où la rentabilité et le profit ne détruisent pas les équilibres de la nature. Cette implication de l'Université est le résultat de la signature d'un protocole, en décembre dernier, entre l'exécutif de la wilaya de Saïda et le conseil élargi de l'Université. Il s'agit, selon Daoudi, le chargé de l'information du « bleu », de « jeter des passerelles entre les entreprises et les chercheurs ». « C'est un espace où on peut suivre les étudiants en matière de stage et d'embauche », a-t-il indiqué. A terme, on songe à la possibilité pour les entreprises de puiser, pour leurs besoins, du vivier de l'université. « C'est à l'avènement d'un pôle technologique qu'on voudrait aboutir », explique notre jeune interlocuteur. Trois ateliers (tourisme, gestion de l'environnement et problèmes agraires) devraient aboutir à la rédaction de recommandations qui témoignent de l'implication de la société civile dans la gestion des affaires de la collectivité.
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Posté Le : 28/02/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R Hammoudi
Source : www.horizons-dz.com