Algérie

L'université s'implique contre la pollution



« C'est vrai que c'est difficile mais on doit arriver à faire le premier pas parce que l'alerte est là, les maladies sont là et l'environnement commence à se biodégrader », dixit le docteur Karima Yahiaoui, présidente du Comité scientifique du «Congrès international sur la valorisation des bio-ressources : application et impact sur le développement durable » qui s'est tenu les 26 et 27 novembre à l'Université de Boumerdès. Petite rétrospective pour situer le véritable combat contre la pollution et pour le développement durable qui attend pouvoirs publics, universitaires et citoyens.Le 15 du mois, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale du diabète, nous avions interrogé le président de l'Association des diabétiques de la wilaya de Boumerdès, Mohamed Mokri, sur le nombre de malades que compte cette wilaya et le principal facteur déclencheur de cette maladie. Sans hésiter, il nous avait lancé le chiffre de 32 000 malades en précisant qu'il ne s'agit que de ceux inscrits auprès de la Cnas. En incluant ceux qui ne sont pas recensés par la Caisse d'assurance, il faudrait sûrement doubler ce chiffre. Pour une région de Boumerdès ? plusieurs indices font d'elle une Algérie en petit modèle ? qui abrite moins de 1 million d'habitants, le nombre est énorme pour ne pas dire alarmant.
S'agissant du principal facteur déclencheur, également sans hésiter, Mokri nous a révélé que cela a un rapport avec « l'alimentation non-bio ». Au diabète qui fait désormais des ravages, il y a lieu d'ajouter l'hypertension, les maladies cardiovasculaires et, surtout, le cancer. Concernant ce terrible mal, il faut signaler qu'il y a des poches du territoire de cette wilaya où la prolifération est anormale. Nous pourrions citer Khemis-el-Khechna, Bordj-Menaïel et d'autres localités à vocation agricole. Est-ce que cette véritable épidémie du cancer est liée à l'utilisation anarchique des pesticides ' Aucun doute ne subsiste. Tout le monde le sait, à Boumerdès, ou dans d'autres régions du pays, des produits phytosanitaires interdits en Europe sont utilisés régulièrement. D'autres périmés sont également utilisés.
Récemment, nous avons eu la confirmation, de la part de fellahs eux-mêmes, que des produits agricoles, des fruits notamment, ont été cueillis et écoulés sur les marchés alors que les pesticides n'avaient pas encore séché. Le docteur Yahiaoui parle de bioaccumulation dans le corps vivant, humain particulièrement, qui se termine fatalement par une maladie, surtout le cancer. D'autres phénomènes accélèrent cette pollution. La mauvaise occupation des espaces et une urbanisation anarchique, la prolifération des bidonvilles et de l'habitat précaire, la détérioration des réseaux et la pénurie d'eau potable, la crise économique sont des facteurs qui vont, malheureusement, accentuer la pollution dans la wilaya de Boumerdès qui a, par ailleurs, un énorme problème de gestion des déchets ménagers et du traitement des eaux usées. Ces problèmes de pollution sont d'une telle complexité que parler d'une Direction de l'environnement à Boumerdès devient futile. Le docteur Yahiaoui n'hésite pas à dire qu'il s'agit de volonté et d'une politique sociétale. C'est dans ce contexte que les universitaires devront travailler pour seulement limiter les dégâts. Pour l'heure, la société a de tels problèmes environnementaux qu'elle a, en priorité, besoin de leur militantisme ensuite de leur savoir. Les universitaires de Boumerdès ne restent pas les bras croisés. Nous avons noté chez eux l'envie de faire quelque chose. Ils veulent, en effet, s'impliquer. « Nous avons un pays qui mérite d'être sauvé », dit le docteur Yahiaoui. Pour ce faire, ils ont organisé, les 26 et 27 novembre, sous l'égide de la Faculté des sciences de l'Université M'hamed-Bougarra de Boumerdès, UMBB, le « Congrès international sur la valorisation des bio-ressources : application et implication sur le développement durable » afin, de jeter un regard critique sur un volet de la pollution et la valorisation bio-ressources.
Selon la présidente du comité scientifique, plus de 500 chercheurs de diverses universités algériennes et de certains pays étrangers sont impliqués dans ce colloque. « L'emploi de substances chimiques et le développement des procédés de transformation de la biomasse et de conditionnement des produits finis provoquent de graves atteintes à l'environnement. La valorisation des biomasses impose donc une réponse à plusieurs défis majeurs concernant la production agricole, l'environnement, l'alimentation et la santé de demain », lit-on dans le préambule de ce conclave.
Abachi L.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)