Algérie

L'univers magique des femmes kabyles



L'univers magique des femmes kabyles
La femme kabyle, gardienne des traditions

"La femme kabyle demeure la gardienne de la langue, des rites et des valeurs de la tradition". Makilam, auteure de "Signes et Rituels magiques des femmes kabyles", elle-même femme et kabyle à la fois, nous dévoile l'univers secret et bien gardé des femmes kabyles. Pour comprendre le rôle que joue la femme dans la société kabyle traditionnelle, il faut d'abord comprendre comment était organisée la société kabyle.

La solidarité dans la société kabyle, un élément fondamental
La société traditionnelle kabyle est fondée sur l'association de tous les membres de la famille au sens large : les grands-parents, les cousins germains ou lointains sont tout autant impliqués dans cette association. La dissociation des genres (homme/femme) et la séparation des tâches n'entraînent pas forcément des rapports de force entre les hommes et les femmes. C'est le Iziwi, l'entraide, qui domine chez les berbères de Kabylie. "Cette conception de la vie sociale implique la responsabilité de chaque membre de la famille et s'étend jusqu'au village.", écrit Makilam.

Le rôle des femmes dans la société kabyle
Selon l'étude de Makilam, il apparaît que dans la société kabyle, les femmes tiennent une place privilégiée. "Elles en sont les piliers et c'est sur elles que repose l'économie familiale. Les liens de parenté sont déterminés par le clan de la mère. Le savoir et la médecine sont transmis de mère en fille", nous précise Makilam.

Et s'il est une figure féminine incontournable dans la société kabyle, c'est celle de la Sage, la femme âgée du clan, appelée "Tamghrart" : la vieille, tout simplement ! "La vieille" dirige les activités des femmes du clan, est présente lors des grands événements du clan, tels les mariages ou les naissances, et ouvre les cérémonies. Elle est souvent consultée par les plus jeunes pour ses sages conseils.

Une organisation sociale proche de la Nature
Il apparaît dans la culture des Kabyles un fort attachement à la nature et à son rythme cyclique. Dans la pensée traditionnelle kabyle, l'année prend la forme (imaginaire) d'un cercle de saisons. Les saisons sont délimitées par des sortes de portes symboliques, que l'on franchit tout au long de l'année : ce sont "les portes de l'année", Tibburen Ussegwass en Kabyle. Ces portes ou seuils, sont en fait des rites de passage qui conditionnent la vie des êtres humains selon les croyances kabyles.

Les peuples sans écriture, tel le peuple kabyle, utilisaient en effet les lois de la nature comme repères pour organiser leur vie. Ce modèle naturel est repris dans les rites magiques des femmes kabyles.

Les signes magiques des femmes kabyles
La pensée kabyle se traduit de façon magique et par conséquent, s'avère difficile à retranscrire de façon rationnelle, même si Makilam parvient fort bien à nous transmettre cet univers de magie dans son ouvrage. Les femmes kabyles avaient un mode de communication secret, ésotérique, qui leur permettait de faire passer des messages que seules les initiées pouvaient comprendre.

Ce moyen de communication était un art de transcription, au moyen de dessins ou d'écritures. C'est à travers ses poteries, ses tissages, ses peintures et ses tatouages, que la femme kabyle transcrivait les signes magiques de sa nature changeante, cyclique, à l'image de la Nature. Nous évoquons ce savoir au passé car les traditions féminines de la Kabylie profonde sont en voie de perdition, l'urbanisation et la modernité y aidant.

Cet art féminin se transmettait uniquement de mère en fille car il était en rapport direct avec leur féminité et la métamorphose de leur corps. Cette tradition féminine n'a pas été influencée par la culture islamique, elle revêt donc un caractère authentique. Ces dessins artistiques et hautement symboliques qui apparaissaient donc sur les créations artisanales des femmes kabyles, n'ont été reconnus comme supports de magie que très tard.


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