Algérie

L'unité syndicale en question



La donne syndicale est reposée à nouveau sur l'échiquier social. Le contexte et les enjeux que traverse le monde actuel, font que cette question est désormais omniprésente dans la dynamique sociétale comme élément prépondérant de la scène politique en général Le syndicalisme algérien n'est pas en reste de cette mutation. Les métamorphoses qui se déroulent dans le monde du travail incitent les syndicats algériens à réfléchir sur les voies et moyens susceptibles de permettre à l'action syndicale de se doter d'une nouvelle dynamique et conception d'organisation et de lutte. En Algérie, la pratique syndicale vacille entre corporatisme et efforts de redonner au syndicalisme ses lettres de noblesse, dont l'histoire s'est toujours identifiée au Mouvement national et au mouvement de libération. Cette identité n'a pas été un élément réducteur de sa force de mobilisation visant la représentation des travailleurs dans leur quête pour améliorer leur situation socioprofessionnelle et morale. Dès l'indépendance du pays, le syndicalisme algérien s'est arrimé à la nouvelle étape, celle de l'édification nationale. Cette étape a fait des travailleurs et leur syndicat un levier de choix pour mobiliser les forces vives à entamer l'épopée de la construction de l'Etat national naissant et le doter d'institutions fortes et solides. Cette étape à permis aux syndicalistes de s'armer en formation profonde leur permettant d'aiguiser leurs luttes et élever le niveau de l'action syndicale dont l'apport politique est pour beaucoup dans la consécration desdites luttes. L'unité syndicale était le leitmotiv des syndicats des années 70 et 80 du siècle écoulé. Cette unité permettait aux travailleurs de peser de leurs forces dans la perspective d'imposer leur feuille de route lors des négociations avec les pouvoirs publics. Cette unité favorisait le renforcement des rangs des travailleurs et donnait plus de sens au poids des syndicats dont l'aspect revendicatif est irréprochable. Le pluralisme né du soulèvement d'octobre 1988, n'a pas permis aux syndicats d'avoir une démarche unitaire et homogène, bien au contraire, il a émietté les forces et la capacité de la mobilisation dans le secteur économique et dans les établissements administratifs. La naissance des syndicats «autonomes» n'a pas aidé à l'approfondissement de la conscience syndicale des travailleurs, elle était un élément de division et de fragilisation de l'unité syndicale des travailleurs en quête de force de mobilisation et de solidarité syndicale dans le but de défendre l'outil de travail et les intérêts des travailleurs. Le corporatisme s'est substitué à l'action la plus large des syndicats, les fractions ont fait que les revendications sont centrées sur des questions dont le principe syndical est écorné à cause de l'approche sectaire et myope de certains syndicats «autonomes» qui ne se soucient pas outre mesure des questions essentielles de la pratique syndicale si ce n'est la bataille pour l'accaparement de la caisse «des oeuvres sociales». Cette multiplication tels des champignons de syndicats «autonomes» a vite contribué dans l'effacement et la mise à l'écart de ce qui restait comme brun de l'expérience syndicale qui s'est cristallisée dans le feu des luttes et au prix des sacrifices inouïs des travailleurs et des travailleuses pendant plus de deux décades. Les syndicats sont aujourd'hui face à une réalité le moins que l'on puisse dire, une réalité de crise et d'impasse. Cette impasse est le produit d'une déviation dont quelques rares syndicats font preuve de reconnaissance de cette tare qui a envahi le monde syndical jusqu'à le réduire à un rôle folklorique des plus alarmants sur la scène nationale. Cette situation ne peut plus durer, il est temps que les syndicalistes de conviction enclenchent de vrais états-généraux et des assises nationales pour sauver la pratique syndicale du syndrome de l'opportunisme syndical qui est devenu légion. Les travailleurs sont interpellés pour revoir les méthodes de lutte et d'organisation pour engager une nouvelle démarche syndicale représentative, mais revendicative et entre les mains des travailleurs eux-mêmes et non pas entre les mains des politicards qui instrumentalisent la cause des travailleurs pour servir des fins inavouées.


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