L'Egypte a commencé l'année 2011 par un attentat terroriste contre une
église copte d'Alexandrie faisant, selon le dernier bilan des autorités
égyptiennes, 21 morts et 43 blessés.
L'hypothèse d'une voiture piégée évoquée un moment a été écartée par le
ministère de l'Intérieur, qui a indiqué que le carnage a été probablement le
fait d'un attentat kamikaze. La bombe, de fabrication locale, contenait des bouts
de métal «pour atteindre le plus grand nombre» de personnes, selon un
communiqué du ministère de l'Intérieur. Les circonstances de l'explosion, «au
vu des méthodes dominant actuellement les activités terroristes au niveau
mondial et régional, indiquent clairement que des éléments extérieurs ont
planifié et suivi la mise en Å“uvre» de l'attentat, précise le ministère. Une
allusion claire aux modes opératoires en cours en Irak. L'attaque cible en tout
cas directement l'unité nationale égyptienne. La lecture s'impose comme une
évidence, mais les commanditaires possibles ne se limitent pas aux groupuscules
radicaux. Les auteurs de l'attaque visent clairement à attiser la discorde en
braquant les musulmans et les coptes dont les relations connaissent, épisodiquement
et pour des motifs locaux, des montées de tension.
Effet redoutable
La provocation a beau être évidente, elle est d'un effet redoutable.
Immédiatement après l'attentat contre l'église d'Al Kidissine (les saints), des
chrétiens ont manifesté dans la rue et des incidents ont éclaté avec les
musulmans. Une mosquée voisine de l'église ciblée a été attaquée et huit
musulmans ont été blessés. Les tensions ont baissé par la suite, les musulmans
ayant manifesté leur totale condamnation de l'action terroriste.
Des appréhensions existent
néanmoins, l'enterrement des nombreuses victimes de l'attentat pourrait se
transformer en manifestation avec d'éventuels débordements. Le gouverneur
d'Alexandrie a, lui, directement accusé Al-Qaïda d'avoir commandité l'attentat.
Cette piste est évoquée automatiquement en raison des menaces proférées, deux
mois auparavant, contre les Coptes d'Egypte par un groupe se disant affilié à
la branche irakienne d'Al-Qaïda. Ce groupe avait revendiqué le 31 octobre une
attaque sanglante contre la cathédrale syriaque catholique de Bagdad qui a fait
53 morts. Le groupe avait lancé un ultimatum de 48 heures à l'Eglise copte
d'Egypte pour libérer deux chrétiennes présumées prisonnières dans les
«monastères de l'incroyance et les églises de l'idolâtrie en Egypte». Ces deux
femmes sont des épouses de prêtres coptes dont la conversion à l'islam a
provoqué des remous et suscité des manifestations organisées par les deux
côtés. Les Coptes dénoncent dans ces deux affaires des «enlèvements» et des
«conversions forcées» alors que des musulmans accusaient l'Eglise de séquestrer
et demandaient leur libération.
La main de l'étranger
Les autorités avaient décidé, après ces menaces, d'accroître la
surveillance des lieux de culte coptes, mais les analystes ne semblaient pas
accorder une importance exagérée à ces menaces. Un ancien directeur de la
Sûreté de l'Etat, Fouad Allam, a affirmé à Al Ahram Hebdo: «Al-Qaëda ne
représente aucune menace pour notre pays où il n'a aucune existence. L'Egypte a
pu, depuis longtemps, éradiquer les membres de ces groupuscules». Les groupes
radicaux ou ceux qui les manipulent tentent de jouer sur les problèmes qui
surgissent de temps à autre entre les membres des deux confessions. Les Coptes
représentent entre 6 à 10% de la population égyptienne (80 millions). Ils
constituent la plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient et s'estiment
discriminés dans l'accession à des postes officiels dans la justice, les
universités ou les services de sécurité. Face au risque d'une montée des
affrontements confessionnels, le président Hosni Moubarak a réagi rapidement en
dénonçant un attentat qui vise, selon lui, toute l'Egypte et non une communauté
en particulier. «De vils terroristes ont visé la nation, les coptes et les
musulmans», a-t-il dit dans une déclaration officielle à la télévision
égyptienne. Il a évoqué des «éléments impliquant la main de l'étranger».
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Posté Le : 02/01/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com