Algérie

L'union sacrée contre le virus invisible



Ils sont des centaines de jeunes à descendre des villages situés sur les hauteurs d'Ighil Bouchène et Akaouj et à affluer des localités situées dans la vallée qui s'étend jusqu'àAït Djennad, Timizart et El Had N'sidi Mansour.
Des jeunes, des hommes de toutes les catégories sociales arrivent à l'aube sur les lieux menus de leur matériel professionnel. Ils viennent prendre part au grand volontariat destiné à la réalisation d'une plate-forme qui servira à abriter la centrale d'oxygène acquise grâce aux dons des bienfaiteurs de la région d'Ouaguenoun au profit de la polyclinique locale.
Ce qui est génial dans cet élan, en plus de la volonté de travailler pour l'intérêt commun, c'est la communion et la joie dans lesquelles se déroulent les travaux. «Ici, il y a une bonne ambiance. les jeunes sont motivés.
D'ailleurs comme vous le voyez, tout le monde est venu avec son matériel utilisé chaque jour», explique un jeune participant. «Oui, je suis plombier et j'ai ramené mon matériel parce que je sais qu'il y a des travaux de plomberie à faire. Alors pourquoi aller chercher un plombier du moment que je suis là» explique notre interlocuteur qui s'affairait à descendre l'outillage de sa camionnette.
Dans une ambiance très festive avec des groupes qui se racontent des blagues et d'autres discutant de la situation sanitaire, les travaux sont entamés. La bétonnière qui éjecte les premières mottes de béton appartient, nous dit-on, à un entrepreneur venu d'un village très proche. «Pour encourager les jeunes, je sers du café gratis avec des gâteaux maison faits par des familles qui habitent des maisons mitoyennes à la polyclinique», explique un tenancier de café qui tient à prendre part à ce volontariat. D'autres jeunes assurent la nourriture qui doit être prête à midi tapantes, pour les jeunes qui se donnent à fond sous les rayons brûlants du soleil.
Sur les lieux, les tâches sont réparties minutieusement. Il faut dire aussi que les professionnels de tous les domaines du bâtiment et de la construction étaient présents, même les ingénieurs et les entrepreneurs. «On doit tous se mettre à la disposition de la communauté en ces moments de crise. On doit être là, présents avec tout ce que l'on possède comme moyens», affirme un jeune entrepreneur de la région qui a mobilisé tout son matériel. Il était presque 11h et les volontaires ne cessaient d'arriver sur les lieux. «J'ai dû terminer des travaux avant de pouvoir venir participer au volontariat. De la quête pour l'acquisition de la centrale, personne ne veut en parler. Il se dit que ce sont deux entrepreneurs de la région qui ont assuré les financements nécessaires mais ces derniers refusent de se révéler. Même les émigrés de la région ont grandement participé à la quête et ils continuent de collecter de l'argent pour d'autres besoins. «En fait, pour vous dire, nos émigrés n'ont jamais cessé de collecter de l'argent pour les affaires de nos villages. Durant toute l'année, ils sont présents à nos côtés pour des travaux d'intérêt général», reconnaît un vieil homme qui prenait part mais que les jeunes ne laissaient pas travailler.
Aux premières heures de l'après-midi, les travaux sont terminés et les jeunes s'affairaient à nettoyer leur matériel. «Il y avait des professionnels de tous les domaines. Il y avait des plombiers, des soudeurs, des électriciens, des maçons, des ferrailleurs, des peintres et même des menuisiers. On pouvait réaliser non pas une installation, mais un hôpital comme celui-là», assure notre interlocuteur qui affirme que les jeunes restent mobilisés pour d'autres volontariats pour peu qu'un appel soit lancé.En fait, les travaux sont terminés mais pas le travail. Beaucoup de ces jeunes rentrent chez eux pour ressortir dans la soirée faire la tournée des villages pour s'enquérir de l'état de santé des malades. Leur assurer les déplacements nécessaires ainsi que les affaires quotidiennes est un chapitre pris en charge par les comités de village. «Les familles qui ont des malades Covid-19 non hospitalisés sont confinées pour le bien des autres villageois. Mais, en contrepartie, le comité de village prend en charge leurs besoins quotidiens. C'est nous qui allons faire leurs courses pour leur éviter les déplacements», explique un jeune de Boudjima venu participer au volontariat. Beaucoup de ces personnes présentes dans le volontariat participent aussi à d'autres actions dans leurs villages respectifs. «Je viens d'Agouni Oufeqqous et je tiens à vous faire savoir que nous avons lancé une quête pour l'acquisition de bouteilles d'oxygène au profit du dispensaire local. À toutes fins utiles. En grande partie, ce sont nos émigrés qui cotisent pour les achats», fait-il savoir.
Enfin, notons que ces moments furtifs passés à Ouaguenoun renseignent amplement sur la nature des populations locales enclines à faire don de soi pour le bien de la collectivité. Bien que la vie moderne ait largement éparpillé les individus et émietté les familles, il n'en demeure pas moins que lorsque le besoin se fait sentir, la communion est naturellement ressuscitée. La capacité de la société à s'adapter à toutes les situations est un indicateur où les aléas de la vie n'y peuvent rien et la vie continue, malgré la pandémie, semblent dire les gens à Ouaguenoun où les règles sanitaires sont scrupuleusement respectées par tout le monde.


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