Algérie

L'union pour faire quoi ?



Le président français Nicolas Sarkozy arrivera demain àAlger, première étape d'une visite de deux jours au Maghreb, après laquelle ilse rendra à Tunis en faisant l'impasse sur le séjour à Rabat, initialementinscrit au programme mais dont les autorités marocaines ont à l'étonnementgénéral demandé le report en invoquant «des raisons de calendrier».Au cours de ses visites à Alger et Tunis, le nouveau chefde l'Etat français va expliciter à ses homologues dans ces deux capitales lanature et les ambitions de son projet d'union de la Méditerranée. Il acertainement choisi d'accorder la primeur de ses explications sur la nature deson projet aux chefs d'Etat maghrébins, parce qu'il pense que leurs pays étantdans le sud de la Méditerranée, ceux avec lesquels la France entretenant desrelations séculaires et multiformes, sont susceptibles d'y adhérer et d'aider àsa concrétisation.De fait, la diplomatie française va avoir fort à faire pourconvaincre de la faisabilité du projet d'union de la Méditerranée que nourritle nouveau locataire de l'Elysée. Au Maghreb et à Alger en particulier, NicolasSarkozy aura en face de lui des interlocuteurs attentifs certes, maisdubitatifs pour le moins sur la construction méditerranéenne qui leur seraprésentée. A Alger et à Tunis, l'on est échaudé par ces «plans» successifs danslesquels les pays du sud de la Méditerranée ont été conviés à s'intégrer avecpour tout résultat d'interminables et infructueuses négociations.A Alger, en tout cas, la conviction prédomine que laFrance, l'Union européenne, les Etats-Unis quand ils s'intéressent au Maghrebet à la rive sud de la Méditerranée ce n'est pas pour tisser avec ces régionsdes relations de partenariat et de coopération égalitaires, mais pour en fairedes zones tributaires et soumises aux conditions qu'ils leur imposeront au nomde leurs intérêts géostratégiques respectifs.Avant de penser à proposer aux pays maghrébins d'intégrerl'union de la Méditerranée telle que voulue par le projet de Sarkozy, la Francedevrait peut-être, avant, assainir ses relations avec eux. Ce qu'elle doitégalement faire avec d'autres Etats de la rive sud de la Méditerranée. Avec laTurquie qui, dès l'annonce par Sarkozy de son projet, s'est déclarée contreestimant que le président français n'a d'autre objectif avec son plan que dedétourner Ankara de l'Union européenne. Avec la Syrie contre laquelle la Francemène une campagne internationale de concert avec les Etats-Unis. Avec tous lesEtats arabes qui ont le sentiment qu'avec l'élection de Sarkozy, Paris se rangelentement mais sûrement et de façon sans équivoque au côté d'Israël dans toutesles questions qui entretiennent l'instabilité et la violence au Proche-Orient.L'union à laquelle les pays du sud de la Méditerranéepeuvent adhérer n'est pas celle qui les invite à être de simples marchésconsommateurs et encore moins des supplétifs en charge d'assumer la sécuritédes pays de la rive nord contre le terrorisme et l'immigration clandestine.C'est bien à cela pourtant que se résument les quelques résultats des forums etautres rencontres ayant réuni les deux rives de la Méditerranée.


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