De notre bureau de Bruxelles,Aziouz MokhtariContrairement à ce que des experts, certains crédibles et d'autres de pacotille, le suggèrent, c'est le moment pour l'Algérie d'avoir des accords avantageux avec l'Union européenne. Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères, l'a très bien compris et négocie habilement. Récit d'un changement de paradigme européen qui peut être un tournant majeur dans la relation Alger-Bruxelles. L'UE n'a pas d'autre choix que de faire les yeux doux à l'Algérie.L'Union européenne, 28 moins 1 dans quelques jours, est dans une situation de délabrement avancé.'en interne, les tensions sont grandes entre les Etats membres que, pratiquement, toute discussion pour un compromis affole (immigration, accueil de réfugiés, fiscalité, harmonisation sociale). En externe, c'est pire et l'éclatement diplomatique n'est pas loin, il frappe même à la porte.Sur le rapport à la Russie, l'Allemagne, puissance première et dont la voix compte presque autant que les autres pays européens réunis, ne veut plus être l'otage de la lecture anti-soviétique devenue anti-russe des ex-pays du bloc soviétique, nouvellement arrivés dans l'ensemble. Berlin considère que Moscou est un partenaire, difficile, certes, pas commode, évidemment, mais avec lequel une tension permanente n'est pas indiquée.Les Allemands profitent de l'arrivée au pouvoir de Trump aux USA pour évoluer doctrinalement sur le dossier russe. En France, où le départ des lobbies hostiles à Poutine atlantistes et belliqueux emmenés par Hollande sur la base d'une lecture de Laurent Fabius des événements, ça évolue dans le même sens.Les candidats ayant une chance de devenir président en mai prochain ne sont pas sur la ligne anti-russe de François Hollande.Les deux favoris, E.'macron et'f.'fillon, proclament même leur intention de renoncer, vite, le dialogue avec la Russie. Idem pour l'Iran, la Chine et surtout sur la question palestinienne.Les Allemands, les Français, les Italiens, les Belges, les Espagnols veulent revenir à plus d'équilibre, à moins de partialité en faveur d'Israël dans la région.Pourquoi cette soudaine philanthropie européenne ' Trois raisons à cela.'la question syrienne où Bachar Al-Assad s'en sort victorieux dans sa résistance à l'Etat islamique, caverneux, barbare, criminel, redéploie les cartes.'l'avènement de Trump qui n'accorde pas une attention particulière à l'Union européenne qu'il sait divisée, écartelée et incapable d'avancer comme un bloc compact, uni sur l'essentiel.'le Président américain l'a dit et le redit, il discutera avec les Européens, un à un, en bilatéral pas en multilatéral. Ce qui crée un climat de sauve-qui-peut, ici, en Euroland.Autour des 27, Brexit obligera, et sur la rive sud, notamment, que du désordre, que des situations compliquées, certaines très compliquées comme le Sahel, la Libye, le Sud-Soudan ou le Yémen.Très proche du cœur nucléaire de l'Union européenne, de par sa position géostratégique, la puissance de son armée, son potentiel économique et sa place centrale dans les processus des négociations de sorties de crise comme au Mali ou de ce qui reste en Libye, l'Algérie s'impose et pour une longue période comme un partenaire sûr et solide.Ça l'est d'autant plus qu'avec la Turquie, autre mastodonte, les horizons d'une détente n'apparaissent pas, vu surtout qu'Ankara se rapproche «dangereusement», selon Bruxelles, des Russes et qu'avec le Maroc, avec la décision de la Cour européenne de justice excluant le Sahara occidental du territoire marocain, une grave détérioration des relations pointe. Rabat n'attendant rien moins que l'Europe s'assoit sur la décision de sa propre justice !La mobilisation des médias marocains autour du séjour de Lamamra à Bruxelles (avant-hier Conseil d'association) en dit long sur les inquiétudes de Rabat quant au rapprochement «substantiel», le mot est de Federica Mogherini, haute représentante de la diplomatie de l'UE, entre Alger et Bruxelles.
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Posté Le : 15/03/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A M
Source : www.lesoirdalgerie.com