Algérie

L'Union africaine joue la carte de la médiation



L'ultimatum de 72 heures donné aux Tigréens a expiré mercredi soir. Le Premier ministre éthiopien a ordonné jeudi à ses troupes de lancer l'assaut sur la capitale du Tigré, Makele, où vit un demi-million de personnes.Après avoir rejeté toute "interférence dans les affaires internes du pays", le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a fini par accepter de recevoir les représentants de l'Union africaine, dont le siège est à Addis Abeba, pour une éventuelle médiation qui éviterait à l'Ethiopie et aux pays de la région de sombrer dans un nouveau cycle d'instabilité, ont rapporté plusieurs sources.
Le gouvernement éthiopien s'est engagé à les rencontrer "par respect" mais avait par avance décliné poliment cette offre de médiation, comme toutes les précédentes. L'UA a nommé trois envoyés spéciaux, les anciens présidents mozambicain Joaquim Chissano, libérienne Ellen Johnson-Sirleaf et sud-africain Kgalema Motlanthe, arrivés mercredi dans la capitale éthiopienne. Ces entretiens interviennent au lendemain de l'ordre donné par M. Abiy à l'armée de lancer la "dernière phase" de l'opération militaire déclenchée le 4 novembre contre le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), parti qui dirige la région et dont les dirigeants sont retranchés à Mekele, désormais encerclée par les forces fédérales.
La communauté internationale, inquiète des conséquences d'un assaut sur Mekele pour ses 500 000 habitants, tente de faire pression sur M. Abiy. Hier, le Premier ministre a ainsi exprimé dans un communiqué sa "gratitude" envers le chef de l'Etat sud-africain Cyril Ramaphosa, qui assure la présidence tournante de l'UA, et envers les envoyés spéciaux pour leur engagement à proposer "des solutions africaines aux problèmes africains". Mais il a aussi rappelé que son gouvernement avait "la responsabilité constitutionnelle de maintenir l'ordre (au Tigré) et à travers le pays", soulignant la patience dont il a longtemps fait preuve face aux "provocations" et à "l'agenda de déstabilisation" du TPLF.
Jeudi, le ministre éthiopien des Affaires étrangères Demeke Mekonnen avait parallèlement continué la tournée diplomatique entamée il y a une dizaine de jours pour défendre la position du gouvernement, en rencontrant à Paris le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Hier matin, 24 heures après l'ordre donné à l'armée fédérale, il n'était pas possible de savoir si l'offensive contre Mekele avaient effectivement commencé, le blackout médiatique étant total. Aucun bilan précis des combats au Tigré n'est jusqu'ici disponible, mais au moins plusieurs centaines de personnes ont été tuées, et plus de 40 000 Ethiopiens se sont réfugiés au Soudan voisin pour fuir le conflit. Jeudi, la télévision officielle éthiopienne EBC a affirmé que les dirigeants du TPLF étaient retranchés dans divers lieux de Mekele, dont une cimenterie, un musée et un auditorium, communiquant "par radio militaire".
R. I./Agences


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