Algérie

L'Union africaine bien malgré elle



Interpellée, pressée de toutes parts à refuser d'entérinerla mascarade électorale qui vient de se jouer au Zimbabwe, l'Union africaine, dontle 11e sommet se déroule à Charm el-Cheikh,a été obligée, bien malgré elle, de prendre position sur cette affaire.

Mais il ne faut surtout pas s'attendre à ce quel'organisation continentale, qui n'est rien d'autre qu'un syndicat de chefsd'Etat, aille au-delà de la remontrance platonique au sujet du comportement deRobert Mugabe et de la camarilla qui l'entoure. Le président zimbabwéen ad'ailleurs fait le déplacement à Charm el-Cheikh, certain que ses pairs africains n'ont nullementl'intention de l'acculer en lui demandant des comptes sur ce qui se passe dansson pays. Et pour cause, l'aréopage auquel Mugabe s'est joint à Charm el-Cheikh est mal placépour lui faire la leçon car composé de chefs d'Etat qui, à des exceptions secomptant sur les doigts d'une seule main, sont eux aussi en délicatesse avec ladémocratie et le respect des libertés de leurs peuples. Il serait tout de mêmefurieusement cocasse que Omar Bongo, Kadhafi, Moubarak, pour ne citer que ceuxqui confisquent depuis des décennies le pouvoir dans leur pays, fassent lamorale à Mugabe ou le somment de se plier à la volonté populaire.

Le sommet de l'Union africaine se contentera de sauver lesapparences en faisant pression sur Mugabe pour qu'il trouve un terraind'entente avec son opposition. En somme, un scénario à la «kényane». Les«pragmatiques» soutiendront qu'il vaut mieux ce compromis que le chaosqu'entraîneraient une condamnation de la confiscation du pouvoir au Zimbabwepar Mugabe et le refus par l'Union africaine de l'entériner.

Si c'est cela qui doit advenir, Robert Mugabe en sera legrand bénéficiaire au final. Car il s'assurera ainsi de conserver le pouvoir, bienqu'il ait été démontré aux élections législatives et au premier tour de laprésidentielle que le majorité des Zimbabwéens neveulent plus de lui et de son parti.

Par solidarité et réflexe de conservation, les potentatsafricains ne lâcheront pas Mugabe. Ils ne tiennent pas à créer un précédent qui pourrait leur être appliqué quand viendrale jour où le ras-le-bol de leur peuple engendrera des situations à l'identiquede celle du Zimbabwe.

Il existe, semble-t-il, au sein de l'Union africaine un«mécanisme d'évaluation par les pairs» chargé de suivre l'application et lerespect par les Etats africains des règles de la bonne gouvernance, d'intégritédans la gestion des finances publiques et de la conformité de leurfonctionnement aux normes de la démocratie. Les «pairs» sont bien capables dedélivrer un satisfecit à Mugabe.




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