Algérie

L?unilatéralisme américain



La riposte de Chirac De la fiesta, il y en a ces jours-ci à l?abondance en France. Des Africains nordistes et sudistes à Toulon, Wade à Paris, un ministre soudanais chez Chirac, Chirac au Madagascar, Sarkozy à Alger, un Marocain chez Barnier, Barnier à Tunis, Alliot-Marie chez Bouteflika, Bouteflika et la marine en Provence. La France connaît beaucoup d?activités ces derniers jours. Il y en avait toujours de l?activité, dit-on, souterraine avant, car, comme disait Farid Zakaria du New York Times, le gaullisme est l?autre forme de l?unilatéralisme. En tout cas, il s?agit d?un programme de riposte qu?avait adopté la France à l?égard de son allié d?outre-Atlantique : les Etats-Unis d?Amérique. D?ordre graduel, la contre-attaque puise ses racines dans la divergence sur le dossier irakien mais, en termes précis, elle (la contre-attaque) se déclencha à la suite de deux événements : le premier, avant le 11 septembre, et relatif à des déclarations inamicales de la part de Richard Perle, le stratège du Pentagone, au sujet de la capacité militaire nucléaire française. Le deuxième, lors du dépôt du Livre blanc de Bush devant le Congrès, en septembre 2002. Dans ce livre, la guerre préventive prônée par Washington avait fini par faire des idées chez le président Jaques Chirac. S?ensuit donc un dédale de réactions de la France coïncidant avec l?apparition des tensions transatlantiques concernant Saddam. Ainsi, pour faire face à ce qu?elle appelle le monde unipolaire redessiné grâce à une puissance américaine dont le budget militaire dépasse celui de 191 pays de la planète, Paris s?imposa une ligne de conduite et traça un plan bien élaboré en vue de casser le projet américain. Tout d?abord, elle plaida auprès des autres puissances nucléaires, une forme d?organisation internationale multipolaire, et cela va constituer son premier cheval de bataille. Le résultat, on l?a vu du côté de la Russie comme celui de la Chine. La première avait signifié son opposition à la multiplication des bases américaines en Georgie, en Kirghizistan et en Ouzbekistan. La deuxième s?est trouvée irritée par les négociations avancées avec le Vietnam et la Malaisie au sujet d?une grande présence américaine sur le sol de ces pays (New York Times, février 2004 ). Ensuite, Paris se consacra à son deuxième front, lequel porte sur le renforcement de l?axe franco-allemand, objet d?attaque de la part du couple américano-britannique. Le Herald Tribune de décembre 2002 comme le Financial Times d?avril 2003 se sont étalés sur cette troisième voie que les Etats-Unis tentent d?imposer à l?Europe, particulièrement à Berlin. Ici, il faut bien souligner que pour le cas des Germaniques, la situation est un peu complexe. Le marché américain leur procure une vente de produits, estimée à 69 milliards de dollars. Le troisième front est celui de l?entrée de la Turquie en Europe, avec ses 70 millions d?habitants. A part la dose d?islamophobie entretenue par la chrétienté politique d?un Giscard d?Estaing, Paris résiste toujours à l?intrusion d?Ankara dans l?Union. Pour elle, cela peut signifier une grande influence américaine dans les affaires de l?Europe. Mais Paul Wolfowitz, le numéro deux du Pentagone, disait que l?entrée de la Turquie en Europe est une définition de nouvelles valeurs capables de rendre obsolète un conflit de civilisation (Washington Post, juillet 2003). Vient après le quatrième front, qui est celui des 10 Etats ayant rejoint récemment le Vieux Continent. On a en première ligne la Pologne, le duo Tchécoslovaquie-Hongrie, lesquels connaissent une avancée conséquente en matière d?investissement américain. Paris travaille beaucoup sur ce dossier, et Rumsfeld y fonde toujours son espoir en parlant de nouvelle Europe. Le cinquième front consiste à revoir toute sa politique politico-économique avec ses anciennes colonies : générosité, détermination et engagement. Pour ce faire, la France décide d?amorcer son grand retour en Afrique subsaharienne et au Maghreb, comme elle le fait actuellement au Cameroun et au Gabon. La rapidité avec laquelle avancent les relations algéro-françaises est stupéfiante, étonnante. Mais à cette avancée résiste un problème de taille : le Maroc. Profitant donc de son bon jeu diplomatique et de ses man?uvres, le royaume chérifien s?efforce de faire valider ses cartes en direction du plus offrant en matière d?annexion du Sahara-Occidental.


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