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L'un des plus grands procès néonazis de l'Après guerre s'ouvre en Allemagne Allemagne


L'un des plus grands procès de néonazis de l'Après-guerre s'ouvre mercredi à Munich (sud) pour juger une série de neuf meurtres xénophobes qualifiés par Angela Merkel de honte pour l'Allemagne. Les conditions d'organisation du procès ont fait polémique en raison de l'absence de places réservées par le tribunal de Munich aux médias turcs, alors que huit des victimes étaient originaires de ce pays, suscitant des tensions entre Berlin et Ankara.
La Cour constitutionnelle a finalement ordonné vendredi que des places supplémentaires soient accordées aux médias étrangers, notamment turcs. Mais la controverse fait désordre dans une affaire déjà marquée par une cascade de scandales autour de l'enquête qui avaient poussé la chancelière allemande à présenter des excuses publiques aux familles des victimes.
La principale accusée, Beate Zschäpe, 38 ans, qui encourt une lourde peine de prison, doit répondre de sa participation présumée à neuf meurtres xénophobes, plus celui d'une policière en 2007. Elle est également soupçonnée d'être impliquée dans deux attentats contre des communautés étrangères et 15 braquages de banque, selon l'acte d'accusation.
Ses deux acolytes, Uwe Böhnhardt (34 ans) et Uwe Mundlos (38 ans), les meurtriers présumés, se sont donné la mort le 4 novembre 2011. Tous trois formaient la cellule néonazie Clandestinité national-socialiste (NSU).
Quatre personnes, soupçonnées de leur avoir fourni une aide logistique, se tiendront aussi sur le banc des accusés.
Plus de 70 personnes se sont portées partie civile, assistées par une quarantaine d'avocats. Six cents témoins seront appelés à la barre. Le procès pourrait durer deux ans et demi.
La Cour devra notamment répondre à deux questions qui hantent l'Allemagne depuis la révélation de l'affaire: comment ces trois néonazis, dans le collimateur des services de renseignements intérieurs dès la fin des années 90, ont-ils pu vivre si longtemps sans jamais être inquiétés'
Et comment une série de meurtres de petits commerçants immigrés a-t-elle pu rester inexpliquée pendant plus d'une décennie'
"Des années durant, personne n'a semblé s'insurger contre ces crimes", résume l'hebdomadaire der Spiegel.
Huit citoyens turcs ou d'origine turque et un Grec sont abattus entre le 9 septembre 2000 et le 6 avril 2006. Les meurtres sont commis dans des cafés internet, des boutiques de fruits et légumes, des snacks de kébabs, à travers tout le pays, toujours avec la même arme. Mais jamais la police n'explore sérieusement la piste xénophobe.
Les familles des victimes dont certains membres assisteront au procès sont au contraire soupçonnées et subissent pressions et menaces. "Pendant 11 ans, nous n'avons pas eu le droit d'être des victimes", témoigne Semiya Simsek, dont le père a été abattu devant son stand de fleurs, un crime dont sa mère a ensuite été accusée.
Au cours d'une cérémonie d'hommage posthume aux victimes l'an dernier, Angela Merkel avait demandé pardon aux familles accusées à tort. Ces crimes "sont une honte pour notre pays", avait-elle déclaré. A la tribune ce jour-là, Ismail Yozgat avait raconté comment son fils de 21 ans était mort dans ses bras après avoir reçu deux balles dans la tête. La motivation de ses bourreaux' La haine des étrangers.
L'affaire sera finalement élucidée en novembre 2011... par hasard. Des policiers retrouvent dans une caravane les corps de Böhnhardt et Mundlos, qui ont préféré mourir plutôt que de se rendre à la suite d'un braquage raté.
Quelques heures après, Beate Zschäpe met le feu à leur appartement. Elle se rendra quatre jours plus tard. Entre-temps la police aura fait le lien entre les deux affaires et découvert dans les décombres de l'appartement l'arme qui a tué les neuf immigrés. Ainsi qu'un DVD, mettant en scène le personnage de dessin animé de la panthère rose, dans lequel le trio revendique ses crimes.
L'Allemagne découvre dans les mois qui suivent les ratés de l'enquête et les renseignements intérieurs sont accusés de négligences voire de racisme. Une commission d'enquête parlementaire sera même ouverte.
"Je n'aurais jamais pu imaginer qu'un tel échec massif des services (de sécurité) soit possible en Allemagne", souligne le député et président de cette commission, Sebastian Edathy.
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