Algérie

L'UMA de la base au sommet



Les dirigeants des cinq pays du Maghreb ont adhéré à la proposition du chef de l’Etat tunisien de réunir cette année un sommet de l’Union du Maghreb arabe (UMA), un ensemble perdu de vue et qui aurait dû tenir une telle rencontre en 1995, au regard du système retenu par son texte constitutif. L’ultime tentative en ce sens a été engagée par l’Algérie en 2002, Alger n’ayant pas adressé les invitations d’usage si elle n’avait pas l’accord des quatre autres (Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie) membres. Tout était donc prêt et les problèmes, à l’époque, ne manquaient pas, sauf qu’en vérité, ils étaient là où on le pensait le moins, c’est-à-dire dans la relation entre le Maroc et l’Algérie que beaucoup ont la fâcheuse tendance à mettre en avant.
De nombreux problèmes se posaient au Maghreb et c’est pourquoi, se rend-on compte, l’Algérie accorde la priorité au bilatéral sans lequel toute tentative d’aller de l’avant serait vaine. C’est d’ailleurs l’objectif assigné par Alger à la visite, ces deux derniers jours, du chef de l’Etat tunisien. Ainsi, affirme-t-on à ce sujet, avant l’arrivée à Alger de  Moncef Marzouki et même durant son séjour, cette visite «s’inscrit dans le cadre du renforcement du dialogue et de la concertation» et du «raffermissement des relations de fraternité, de bon voisinage et de coopération» entre les deux pays. Le propos est bien structuré avec presque un ordre de priorité, puisqu’il y est indiqué ensuite : elle constitue également une opportunité pour se concerter sur  le processus de construction de l’UMA et les différentes questions régionales et internationales d’intérêt commun.
Autrement dit, la relation bilatérale d’abord, Alger estimant que son renforcement «est le meilleur moyen de réaliser la complémentarité et l’intégration maghrébine». L’on apprend à ce sujet que la 19e session de la commission mixte algéro-tunisienne se tiendra au cours du second semestre 2012. D’ailleurs, ne manque-t-on pas de relever, même le propos de  Moncef Marzouki semblait, dimanche soir, empreint de prudence, en affirmant que la rencontre à laquelle il avait appelé se tiendra probablement en Tunisie «après examen des dossiers par les Etats» pour que le sommet «revête une véritable valeur et pour ne pas accabler nos peuples en convoquant des réunions pour la forme». En d’autres termes, garantir  son succès, et là il y a beaucoup à faire, l’élément dominant étant la somme des relations bilatérales que les cinq membres de l’UMA entretiennent séparément, leur bonne santé assurant un fonctionnement normal et cohérent de l’ensemble maghrébin. Justement, le temps est peut-être venu de rompre avec un discours qui a montré ses limites, mais aussi avec des comportements sans rapport avec le projet d’intégration. Un responsable algérien a rappelé dimanche que «les pays du Maghreb n’avaient pas joué leur jeu dans la Zone arabe de libre-échange (ZALE) puisqu’ils exportaient vers l’Algérie des produits importés d’Europe et n’importaient, en revanche, rien de l’Algérie», alors que les conventions de l’UMA prévoyaient un régime préférentiel pour les produits fabriqués localement. L’Algérie était alors dans son droit d’exiger le certificat d’origine et, quand celui-ci ne suffit pas, d’ériger ses propres barrières en élaborant, dès 2010, une liste négative de 1 600 produits de la ZALE afin de protéger son économie. Les milieux d’affaires tunisiens considèrent fort justement que l’instauration d’une zone maghrébine de libre-échange passe d’abord par une zone bilatérale algéro-tunisienne. Le principe de base a été mal assimilé, sinon dévoyé. S’il en est qui considèrent qu’il y a prédominance du politique par rapport à l’économique, le projet maghrébin doit échapper au politique, d’autres estiment que l’UMA devrait échapper à de nombreuses considérations pour redevenir un choix stratégique.
 


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