Algérie

L'ultime combat d'Elimam


J'ai vu Kacem la veille du ramadhan. Il était vraiment affecté par le mal qui le rongeait. Mais il continuait de sous-estimer ce «dérangement», estimant qu'il lui revenait de combattre, dans son silence intime, ce nouvel et ultime adversaire. Car des adversaires, il en a connu.

En effet, mon oncle a très tôt pris part à la lutte de libération nationale. Et l'adversité se manifesta sous la forme d'une grande puissance contre laquelle il fallait ruser avant de rebondir. En qualité de prisonnier politique, il eut le temps de réfléchir à son sort dans les geôles coloniales. Isolé de son stade et du ballon rond, il fantasmait sur l'équipe de football qui allait lui permettre d'exercer ses talents sportifs. L'indépendance nationale devenait synonyme d'épanouissement personnel, de réalisation de soi. Déjà, ses liens avec le Mouloudia prenaient l'allure d'un engagement patriotique. L'indépendance lui ouvrait la voie à l'expression de ses talents… de dirigeant sportif à ce moment-là. La passion qu'a toujours eue Kacem pour le football et pour le Mouloudia d'Oran trouve là sa source. Le MCO, c'est tout une frustration de jeune colonisé affranchi qui trouve à s'estomper : une citoyenneté méritée dans une nation libérée. Voilà les mots-clés de la passion de Kacem Elimam. Le reste, son parcours de dirigeant du MCO, ses conquêtes locales, nationales et internationales, tout le monde s'en souvient encore. Il est devenu, avec le temps, le symbole d'une région, l'enfant d'une ville qui lui a donné goût à la vie et aux challenges.

Enfant du quartier d'El-Hamri, bien que né à la rue Caïd Omar (Médina Jdida), il consacra sa vie professionnelle dans la Protection civile, soit au service des autres, en permanence. Il profita, néanmoins, de son statut d'ancien moudjahed pour accéder à une retraite précoce. C'est ainsi qu'il trouvera tout le temps et l'énergie nécessaires au profit de son équipe de toujours.

Il a dû alors faire face à des traîtrises et à toutes sortes de ruses malsaines qui visaient à le détourner de son objectif majeur. Sa courte traversée du désert alla de pair avec une descente aux enfers du MCO ; son retour aux affaires redonna de la visibilité aux Hamraoua. Nul ne contestera cet exploit. C'est la dignité d'Oran que Kacem sut ramener à la maison – c'est-à-dire Oran ! Désormais, son nom sera synonyme d'Oran et Oran synonyme de Kacem Elimam. La municipalité saura certainement rebondir pour attribuer son nom à l'une des artères principales de la ville.


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