La Commission nationale de surveillance des élections législatives (CNSEL) déplore l'indifférence et le silence des pouvoirs publics face à ses doléances.
Ecartant, pour l'instant, un éventuel retrait des élections, les membres de cette instance adressent un ultimatum, de moins de cinq jours, au ministère de l'Intérieur pour donner une réponse claire aux demandes de la commission. Dans le cas où le département de Daho Ould Kablia persiste dans son mutisme, ils s'adresseront au président de la République, garant de la Constitution, à travers une missive détaillant leurs réclamations.
«Nous invitons les services du ministère de l'Intérieur à s'asseoir autour d'une table avec nous. Cela nous permettra de défendre nos propositions et au ministère de tenter de nous dissuader via des textes de loi. Sans la négociation, nous n'arriverons à aucune solution», a soutenu, hier, Mohamed Seddiki, président de la CNSEL, lors d'une conférence de presse animée à Alger.
A la question de savoir ce que fera la Commission dans le cas où le président Bouteflika ne donne aucune suite à sa lettre, M. Seddiki rétorque : «Dans ce cas de figure, nous dégagerons toute responsabilité de ce qui arrivera !»
Dans son récit, le premier responsable de la CNSEL explique que la Commission exige des institutions officielles, en l'occurrence le ministère de l'Intérieur et les walis, «des réponses concrètes et complètes à leurs problèmes». Il cite les dépassements enregistrés sur le terrain et les requêtes adressées à la CNSEL par les partis politiques. «Certains walis ont refusé d'accepter des listes de candidats alors que la justice a tranché en leur faveur. A Béjaïa, le wali a rejeté une liste de candidats et à Sétif, la wali a rejeté la candidature d'un militant tête de liste en dépit d'une décision de justice plaidant en sa faveur», a-t-il affirmé, regrettant que la justice algérienne ne soit pas indépendante et que les décisions des magistrats soient parfois bafouées. «Trouvez-vous normal que l'administration ne respecte pas une décision de justice, alors que nul n'est au-dessus de la loi '», s'est-il interrogé.
M. Seddiki a aussi révélé que l'instance qu'il préside a demandé à l'administration des détails du fichier électoral par commune et par wilaya. «Malheureusement, cette dernière n'a donné aucune suite à ces multiples demandes», déplore-t-il encore. Il est également revenu sur le silence des autorités quant à la question des militaires inscrits en bloc sur le fichier électoral après expiration du délai légal. «Des partis politiques nous ont saisis sur cette question. Et après vérification, nous avons confirmé la véracité de ces informations. Nous n'avons voulu porter atteinte à aucune institution, mais il est de nos prérogatives de soulever ce genre de dépassements», note-t-il.
Ce qui amène M. Seddiki à évoquer la proposition faite par la CNSEL concernant la consécration d'un bulletin unique. Il affirme ne pas comprendre pourquoi avant 1989, le bulletin unique était utilisé comme mode de vote et qu'aujourd'hui, le ministère de l'Intérieur le qualifie de complexe et d'irréalisable. «Les 44 représentants de partis politiques composant la CNSEL ont voté pour le bulletin unique. Un bulletin unique minimisera le phénomène de la fraude et nous aurons une élection peut-être transparente et neutre.» A ceux qui demandent son départ de la tête de la Commission et l'organisation de nouvelles élections, M. Seddiki répond qu'il a été élu démocratiquement : «Moi je suis en faveur de la baisse des salaires des députés.
Je ne nie pas que certains partis politiques font un travail correct et que d'autres, malheureusement, n'ont pas atteint la maturité. Je peux rassurer tout le monde que l'époque des quotas est révolue.» S'agissant des candidats convoqués par les services de sécurité pour enquête, M. Seddiki trouve «normal qu'il y ait des enquêtes de routine», mais il se dit contre les pratiques et le mode opératoire des services de sécurité.
Posté Le : 05/04/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nabila Amir
Source : www.elwatan.com