Algérie

L'UGTA, un syndicat dans le système



L'UGTA, un syndicat dans le système
Malgré le foisonnement de quelques syndicats autonomes, l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), principal syndicat-maison du pays, peine à se défaire de cette image, détestable pour certains, de sa proximité prononcée avec le système politique algérien.Mieux, depuis quelques années, à contre-courant d'une certaine tradition établie sous d'autres latitudes, elle appuie toutes les orientations libérales du régime, à telle enseigne qu'aujourd'hui ses dirigeants s'affichent ostensiblement avec l'oligarchie, pour reprendre l'expression de Louisa Hanoune. Mais, pourquoi l'UGTA est-elle devenue depuis longtemps un appareil du système ' "Le bicéphalisme (être militant politique et syndicaliste en même temps) a préexisté à la création de l'UGTA", observe Daho Djerbal, maître de conférences en histoire contemporaine, directeur de la revue Naqd d'études et de critique sociale. Invité jeudi en soirée du Parti socialiste des travailleurs (PST) pour une conférence sur le thème "le syndicalisme algérien entre velléités d'autonomie et appareil partisan : approche historique", Daho Djerbal a rappelé toutes les péripéties qui ont entouré la création de l'UGTA, son rôle et les défis auxquels elle était confrontée. Selon lui, les syndicalistes qui ont créé l'UGTA en 1956 étaient pour la plupart issus du CGT. "Le déclenchement de la guerre et les scissions apparues au sein du PPA entre messalistes et centralistes contraindront inévitablement les syndicalistes à se définir", rappelle-t-il, ce qui laisse suggérer que l'aspect politique déteint sur l'exercice syndical. "Le problème s'est posé à la création de l'UGTA, autonomie ou sous contrôle du FLN ' Les messalistes avaient crée l'USTA, et le FLN a créé l'UGTA, Abane désignant un proche à lui en la personne d'Aïssat Idir", rappelle encore Daho Djerbal.Reste que visiblement, l'UGTA a dévié de l'objectif qui lui a été assigné. "L'objectif n'était pas seulement de servir de relais social au FLN, mais aussi d'opérer une révolution sociale, en d'autres termes, en plus de lutter contre les exploitants coloniaux, lutter contre les féodaux nationaux qui aujourd'hui sont au pouvoir", observe le directeur de la revue Naqd. Devenue une grande organisation en 1957, sous l'impulsion d'Abane Ramdane, exclu alors du CNRA et affecté aux tâches de communication, l'UGTA se retrouve dans "le camp des perdants" après l'élimination de l'architecte du congrès de la Soummam.À l'indépendance, l'UGTA connaîtra un grand tournant. Avec le départ des cadres européens, la question du maintien du service et sa poursuite se pose avec acuité aux militants politiques et syndicalistes de l'UGTA. "En proie à des divergences, les partisans de l'intégration au système l'emportent sur ceux qui cherchent l'autonomie", soutient Daho Djerbal. Ajoutez à cela "son rapport à la classe ouvrière qui s'est posé durant les années 60". "Les conflits sociaux et les contestations qui commençaient à apparaître ont créé une tradition où les contestataires s'adressaient directement au pouvoir politique. Il ne s'agissait pas donc de chercher à changer l'ordre des choses. C'était une manière d'intégrer le système (...) on verra comment plus tard durant les années 90, l'UGTA se montrera incapable de stopper la fermeture des entreprises et du chômage que va produire l'oligarchie". K. K.


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