Algérie

L'UGTA tente de refaire surface


Salim Labatcha, le secrétaire général de l'UGTA, s'est montré favorable à une élection présidentielle dans les plus brefs délais. Le nouveau patron à la tête de la centrale syndicale depuis la mise à l'écart de Sidi Saïd, se considère comme le «fruit du Hirak», et contrairement à son prédécesseur, il estime que la nouvelle composante de l'UGTA est désormais au service des travailleurs et non du patronat. Sans s'en prendre à ses prédécesseurs, il a par ailleurs admis les accusations portées contre certains pensionnaires de la rue Aïssat-Idir, et qu'un audit a été mis en place pour déterminer la véracité de ces accusations.Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Les résultats de ces enquêtes seront révélés publiquement si l'implication de leurs auteurs dans des affaires de corruption et de malversation s'avère fondée, a-t-il précisé. Mais ce qui ressort des déclarations de l'invité du Forum d'El Moudjahid, c'est sa détermination à aller au plus vite vers une élection présidentielle. «Notre souci c'est d'élire un Président crédible, dans une opération transparente de laquelle découlent des institutions crédibles qui constitueront à l'avenir des interlocuteurs crédibles avec les représentants des travailleurs».
Quant au Hirak, Salim Labatcha se dit le soutenir car «le changement est favorable pour l'action de l'UGTA dans les jours à venir», tout en émettant la réserve qu' il doit être ponctué par des résultats concrets, à savoir l'élection d'un nouveau Président», a souligné l'orateur. Mais parmi les revendications populaires, figure le rejet des élections.
Salim Labatcha n'est pas tout à fait d'accord, il pense le contraire et émet la condition de la régularité du scrutin, mais sans avancer de détails. Et à l'éventualité de la menace du recours à la désobéissance civile, brandie chaque vendredi par les manifestants, l'orateur fait apparaître une réticence avérée. «Si l'action promet des résultats positifs, nous ne sommes pas contre», a-t-il précisé. Mais, comme pour rejeter cette alternative populaire face à la résistance du pouvoir, le dirigeant de l'UGTA brandit la menace de la «détérioration» de la situation économique du pays suite à la crise qui secoue l'Algérie depuis presque 7 mois. «La menace pèse sur le devenir du travailleur», ce qui constitue pour lui un argument qui écarte tout éventualité de recours aux grèves. Arguant par ailleurs que ceci «risque de remettre en cause tous les acquis du Hirak».
A propos de la disqualification de l'UGTA des rounds de consultations programmés par le panel de dialogue dirigé par Karim Younès, au même titre que les partis de l'Alliance présidentielle, Salim Labatcha ne s'est pas montré «inquiet» outre mesure, bien au contraire, et usant de finesse, il adresse des formules de respect à cette instance, déclarant «libre à eux de le faire sans nous».
A son tour, il a décrit le rôle de l'UGTA dans le paysage politique, qui «participe à la vie politique du pays», et promet des propositions de sortie de crise à l'issue d'une série de rencontres régionales au programme de l'UGTA. Mais cette crise qui a secoué sérieusement le régime, n'a-t-elle pas entraîné dans son sillage des perturbations notables au sein de l'UGTA, longtemps considérée comme un appareil au service du système ' Ce qui est traduit par des informations qui font état de l'exode de ses adhérents vers les syndicats autonomes, a persisté un journaliste.
Le SG jusque-là imperturbable, s'est montré en mauvaise posture en demandant des statistiques fiables pour étayer cette affirmation qu'il a rejetée catégoriquement.
Mise à l'écart jusque-là de la scène politique, l'UGTA tente de se refaire une nouvelle image, en clamant son «indépendance». Et, quoique que son absence soit remarquée sur la scène, ce dernier salue les efforts du gouvernement pour la sauvegarde des postes d'emploi dans les unités relevant de la propriété des patrons incarcérés, marquant le soulagement de la Centrale.
Quant au dossier de l'affaire Aigle Azur qui compte entre 350 et 400 travailleurs, l'invité du Forum s'est montré «préoccupé» en déclarant suivre de très près l'affaire. En d'autres termes, pour traduire la volonté de l'UGTA pour «la préservation des intérêts économiques de l'Algérie», l'invité du Forum d'El Moudjahid a fait le lien avec le devenir du travailleur affirmant que «le discours de la Centrale syndicale doit changer en faveur de la défense des intérêts des travailleurs et non du patronat». Une déclaration qui a suscité la satisfaction des cadres syndicaux présents, d'autant plus que le SG ajoute que l'UGTA appelle à la réduction de l'IRG au profit des travailleurs et retraités, et aussi à l'imposition sur la fortune.
A. B.
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