L'UE, l'UMA et les révoltes arabes : Enjeux, espoirs et appréhensions

D'autres parlent eux aussi de sérieuses appréhensions, mais qui concernent le projet de l'ensemble régional de l'UMA. Ils estiment, en effet, que compte tenu des bouleversements sociaux et politiques qui touchent actuellement les pays du Maghreb, l'année 2011 sera celle de la concrétisation de toutes les illusions et l'amorce de toutes les désillusions.
La mise sur rail effective de cette entité (UMA) est, à  leurs yeux, toujours illusoire dans le sens où l'intérêt intrinsèque de chaque membre demeure brandi à  l'avant de toute préoccupation intermaghrébine, l'essentiel de toutes les potentialités étant consacré dans le maintien de l'équilibre de la maison. «Ce sera également et en toute probabilité cette mutation dans les schémas organiques des pays concernés qui n'aura pas pour demain à  rendre aisée la faisabilité physique et politique de cette entité. Chaque pays à  son lot de douleurs internes. La tête n'est plus tournée vers l'extérieur que dans le moule conditionnel d'une mise en rangée suivant les desiderata des puissances du moment», soutient-on. Le Maroc est sous cette euphorie à  moitié consommée par une nouvelle Constitution à  moitié populaire, nonobstant les concessions solennelles faites par un monarque en perte d'absolutisme monarchique. Le mouvement Facebook continue à  lui faire les misères.
  «Ce qui corrobore un peu cette désillusion pour l'entité unioniste, c'est qu'elle ne se partage pas. Rien comme revendication populaire dans les pays concernés ne corrobore la moindre allusion à  l'envie de la redynamiser», argumentent les universitaires interrogés, avant d'ajouter que la Tunisie est en net front avec ses sautes d'humeur salafistes, cette quête de la sérénité perdue au nom d'une démocratie préalablement étriquée est incapable de pointer encore son doigt dans le giron maghrébin. L'heure pour tout le monde est, toujours selon eux, à  la reconquête de l'espace démocratique interne. Les Affaires étrangères peuvent, sauf dans leur consistance d'assistance et d'aide, faire le gué sur l'autel des attentes sociales. La Libye, qui vient d'en finir avec son tyran, aspire désormais à  la liberté mais dont l'avenir immédiat reste des plus incertains. La Mauritanie, «avec un gouvernement plié impérativement aux charmes du pluralisme se débat, quant à  elle, dans l'affreuse guerre du Sahel, menace qui lui pèse lourdement. Avec tout ce radicalisme dans le comportement et l'intensité des changements connus, la réalité d'une Union maghrébine n'est pas pour demain, s'accordent à  dire, en somme, nos différents interlocuteurs.