Paris.
De notre correspondante
Invité à expliquer la position de l'UA à la faveur d'une conférence de presse, mercredi, au Centre d'accueil de la presse étrangère, Jean Ping a précisé que l'UA a présenté une feuille de route en cinq points, dès le 10 mars, dont les plus importants sont «la cessation immédiate des hostilités ; un gouvernement d'union nationale destiné à préparer une Constitution, préparer les instruments nécessaires en vue de rendre la parole aux Libyens». Dans ce document, l'UA exprime son «engagement à travailler avec toutes les parties libyennes» à la «stabilisation de la situation», à «la promotion de la démocratie» et à la «construction» du pays. «L'objectif ultime de l'Union africaine est démocratisation, Etat de droit, justice». «C'est ce que nous disons depuis le 10 mars». «Vous savez que la Libye jusque-là n'a pas de Constitution, n'a pas de partis politiques, de syndicats.»
Jean Ping signale que l'UA a présenté sa feuille de route aux deux parties libyennes avec en préambule, écrit clairement, qu'El Gueddafi ne fera pas partie de ces négociations. «Nous travaillons avec tout le monde pour arriver à une solution de sortie de crise». «Le 23 février, nous avons condamné l'usage excessif de la force et d'armes mortelles par le régime de Tripoli contre les manifestants et de la répression dans deux communiqués.» «Et puis, nous nous sommes rendu compte que contrairement à ce qui se passait en Tunisie et en Egypte, où il s'agissait de révolutions populaires et pacifiques que nous avons reconnues et accompagnées parce que nous estimions que c'étaient des révolutions légitimes, même s'il n'y avait pas de légalité, en Libye il y avait une guerre civile, et nous craignions, compte tenu de notre propre expérience, la partition, la somalisation. C'est arrivé en Irak.» Le président de la Commission de l'UA précise qu'il s'est rendu, les 10 et 11 avril, avec cinq chefs d'Etat africains à Tripoli et à Benghazi, avec le même projet en cinq points pour demander aux parties d'accepter la feuille de route et de l'appliquer. Et dans un communiqué issu du sommet de l'UA à Addis-Abeba du 26 août dernier, l'UA «encourage les parties libyennes à accélérer le processus devant mener à la formation d'un gouvernement de transition inclusif qui sera le bienvenu pour occuper le siège de la Libye à l'UA» (paragraphe 6). Â
«Nous demandions comme garanties un gouvernement représentatif de toute la Libye qui se désolidarise des tortures et des assassinats des Noirs. Nous en parlions dès le 10 mars. Il y a des mercenaires en Libye, c'est sûr, beaucoup sont noirs, mais il n'y a pas que des Noirs. Tous les Noirs ne sont pas des mercenaires, parce qu'un tiers de la population libyenne est composé de Noirs. Des dizaines de milliers d'Africains travaillent là-bas depuis de nombreuses années. Ils n'ont rien à voir avec les mercenaires.» «J'ai reçu une lettre du CNT signée par son président, Mahmoud Jibril, dans laquelle il nous rassure sur tous les points qui nous importent.»
Sur la question de la reconnaissance du CNT par les Etas africains, Jean Ping affirme, qu'à la date du 7 septembre, vingt pays membres de l'UA ont reconnu le CNT. Il en reste 34. «Les assurances qui nous ont été fournies hier doivent apaiser leurs craintes.»Â Â
Sur la question du trafic d'armes depuis la Libye et de la sécurité au Sahel, Jean Ping confirme que «des armes sophistiquées sont dans le désert. Qui va en souffrir '» Et de citer les pays frontaliers dont l'Algérie.
«Le désert, depuis la Mauritanie jusqu'en Somalie, est un boulevard pour tous les trafics.» S'agissant du trafic de drogue, «nous sommes une zone de transit, le marché final c'est l'Europe».
Jean Ping indique aussi que les trois pays africains membres du Conseil de sécurité (le Nigeria, l'Afrique du Sud et le Gabon) ont voté, le 17 mars 2011, la résolution 1973, qui «n'a pas été votée par la Chine, ni par la Russie, ni par le Brésil, ni par l'Inde». «Aujourd'hui, les autres pays nous rattrapent, nous prennent notre feuille de route. Seule la Turquie avait une feuille de route de sortie de crise en Libye proche de la nôtre.» «Personne d'autre n'en avait». Et d'ajouter qu'à l'appui de la résolution 1973, une zone d'exclusion aérienne a été mise en place et l'OTAN a été chargée d'entreprendre des bombardements.
Et enfin non sans une certaine ironie : «On nous a dit : Vous àªtes payés par El Gueddafi, vous àªtes des mendiants . Où sont les 150 milliards de dollars d'avoirs de l'ancien régime ' Certainement pas en Afrique. Sur ce montant, seuls cinq milliards de dollars ont été investis en Afrique. Les Africains ont-ils demandé une part de pétrole libyen ' Non.»
«Une demande des Occidentaux»
Sur l'accueil d'El Gueddafi dans un pays tiers, «nous avons discrètement cherché où il pouvait aller». «Cette requête est venue des pays occidentaux.» «On a pensé à l'Egypte qui a accueilli le roi Idriss, le shah d'Iran, les généraux soudanais, on nous a dit qu'El Gueddafi n'aime pas l'Egypte.» «Pourquoi pas l'Arabie Saoudite», glisse une journaliste. «Il a insulté à plusieurs reprises le roi d'Arabie Saoudite. On l'a cherché en Amérique latine. Nous avons même dit que s'il ne veut pas sortir de son pays, on pourrait peut-être le laisser s'installer dans le désert. Et voici que le guide, dit-on, envoie sa famille en Algérie et tout le monde proteste, mais c'est ce que vous vouliez (prenant à témoins les journalistes de médias occidentaux présents), qu'il parte, non. N'y a-t-il même pas d'humanité pour accueillir des gens aussi odieux soient-ils. Vous nous demandez de faire quelque chose et son contraire.»Â
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Posté Le : 11/09/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Nadjia Bouzeghrane
Source : www.elwatan.com