Algérie

L’ouvrage sera édité bientôt «Le vrai Amar Ezzahi» de Saïd Saâd



Publié le 12.12.2023 dans le Quotidien l’Expression

Ecrire un livre sur un géant de la trempe du regretté Amar Ezzahi est sans doute le rêve de tout écrivain qui connaît la véritable valeur de cet artiste hors du commun. Mais il s'agit plutôt d'une mission extrêmement difficile car, comme tout le monde le sait, le personnage d'Amar Ezzahi est loin d'être facile à cerner tant l'homme a toujours vécu de manière discrète et a de tout temps refusé de s'exposer aux feux de la rampe.
Amar Ezzahi ne s'est presque jamais confié à la presse. Et quand il s'est exprimé çà et là au gré de quelques vidéos enregistrées lors d'occasions différentes, c'est pour ne balbutier que quelques mots qui laissaient tout le monde sur sa faim. Pourtant, la vie d'Amar Ezzahi est loin d'être un banal fait divers. Tout comme son parcours artistique qui fait de lui une légende éternelle de la chanson algérienne de manière générale et du chant chaâbi plus particulièrement.
L'écrivain qui a «osé» tremper sa plume dans l'univers magique d'Amar Ezzahi s'appelle Saïd Saâd. Ce dernier a, en effet, consacré un livre, à paraître prochainement, à l'un des piliers de la culture algérienne. Il en a donné un avant-goût en publiant des extraits sur les derniers instants de la vie de Amar Ezzahi. Et ce, à l'occasion du huitième anniversaire du décès du cheikh, disparu à Alger à l'âge de 74 ans le 30 novembre 2016. Dans le passage considéré, il est question du témoignage d'un des voisins d'Amar Ezzahi et qui revient sur les derniers instants du maître. L'auteur dudit témoignage est Abdelkader Doubi. Ce dernier raconte à l'écrivain Saïd Saâd: «Je me rappelle du jour de sa mort, le 30 novembre 2016, vers le milieu de l'après-midi. Je me reposais dans ma chambre quand j'entendis un vacarme dans la cage d'escalier. Curieux, je suis sorti et j'ai rencontré ma fille qui descendait. Elle m'a dit: Amar! Amar. Elle était toute pâle; au son de sa voix, je compris que quelque chose de grave venait d'arriver car Amar ne se portait pas bien les derniers jours. Je suis monté en courant le coeur battant fort».
Le même voisin rapporte que dans sa chambre, Amar Ezzahi était allongé sur un matelas posé à même le sol, entouré de sa fille adoptive Fatiha, de Khalti Aîcha (mère de Fatiha) qui lui tenaient la main, accroupies, et de ses voisins Djamel, Toufik.
«Je m'approchais de lui; il respirait encore faiblement et ses yeux, mi-clos reflétaient ses derniers instants... Mes yeux se remplirent de larmes mais j'ai pu voir une petite contraction sur ses lèvres, infime, à peine perceptible: il venait de rendre l'âme. Sa tête est tombée comme celle d'un bébé qui s'endort dans les bras de sa mère. Ezzahi est mort d'une mort légère, douce, sans souffrance». Et d'ajouter en soulignant que l'instant d'après, «Khalti Aicha» qu'il appelait «Yema», lui ferma les yeux, récita la Chahada et le couvrit d'un drap. «Les femmes pleuraient, se lamentaient. Les hommes se tenaient la tête dans les mains. Un de ses amis, le plus âgé de nous, venu lui rendre visite ce jour-là, restait figé comme une statue. Cet homme aux cheveux blancs fixait sans réagir le corps couvert de son ami. Il y eut alors dans la pièce, un mouvement incontrôlable, les personnes criaient, s'appelaient, montaient et descendaient l'escalier. Des voisins rentraient subitement pour jeter un dernier regard sur Amar, le toucher», raconte encore l'écrivain Saïd Saâd dont l'ouvrage sur Amar Ezzahi promet d'être extrêmement intéressant et émouvant. En atteste cette description de Saïd Saâd de l'ambiance triste qui a régné dans l'entourage de la maison du regretté Amar Ezzahi, le jour de son décès: «Tout le quartier de la Rampe Vallée pleurait. Il y eut un mouvement inconnu, les terrasses étaient noires de monde et les balcons menaçaient de s'écrouler sous le poids des femmes. C'était un moment extraordinaire. Une scène surréaliste que l'on voit rarement dans sa vie. Sur la chaussée, les voitures n'arrivaient plus à circuler. Il a fallu un renfort de police. Des femmes se tenaient regroupées dans le jardin Marengo: elles voulaient monter au domicile de Amar pour jeter un dernier regard sur leur idole, mais le portail était fermé. Tout un quartier d'Alger était subitement transformé.
La tristesse était visible sur les visages, tout le monde était abattu. Quatre-vingt pour cent de cette masse étaient constitués de jeunes. Ah la jeunesse! Elle portait son maître dans le coeur». Et d'enchaîner qu'au fil des heures, tout Bab El Oued, tout Alger et toute l'Algérie versait des larmes sur cheikh «leblad» qui venait de rendre l'âme.

Aomar MOHELLEBI



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