Le ministre de la Communication, Abdelkader Messahel, a présenté, hier, le projet de loi relatif à l'activité audiovisuelle devant les députés de l'Assemblée populaire nationale (APN). Oubliant qu'ils n'examinaient que des textes d'application d'une loi organique (la loi organique n°12-05 du 12 janvier 2012 relative à l'information), qu'ils avaient eux-mêmes adopté sans rechigner, les députés se sont subitement découvert des dispositions de défenseurs de la liberté d'expression et ont interpellé le ministre sur la restriction faite aux futures chaînes de télévisions qui ne peuvent être que thématiques, tel que stipulé dans la loi organique. Cette obligation avait déjà fait réagir les professionnels qui n'y voient rien d'autre qu'une censure qui ne dit pas son nom. Car, en excluant les chaînes généralistes et/ou d'informations, l'ouverture qu'on loue et qu'on présente comme une grande avancée, se réduit considérablement avec la pose de ces barrières et chicanes.Evidemment, M. Messahel s'efforcera de répondre à ces critiques. Profitant de son passage sur les ondes de la Radio nationale, le ministre de la Communication mettra la polémique autour de cette thématisation imposée aux futures chaînes de télévision sur le compte d'une mauvaise interprétation du texte de loi. «Il s'agit d'une mauvaise lecture et d'une erreur de traduction de la version arabe vers le français», dira-t-il. Le texte en arabe, qui fait foi et loi, «est très clair et explicite», il dit que la chaîne thématique peut être à un seul thème ou plusieurs. Nous voilà maintenant avec un nouveau concept : la chaîne de télévision multithématique ! Ça ne fait pas bouger les barrières posées d'un iota, ça ne consacre pas l'ouverture promise par le président de la République mais remise en cause et réduite par la loi organique votée par l'APN, mais ça noie bien le poisson dans ces eaux troubles où baigne le secteur de l'information.Et pour enfoncer le clou, la loi fixe des quotas de programmes qui doivent réserver 60% de leur volume à des productions nationales dont plus de 20% par an pour la diffusion d'?uvres audiovisuelles et cinématographiques. On n'est plus dans la promotion du produit national mais dans le verrouillage puisque pour l'industrie, qui pourtant est relativement mieux lotie que la culture en termes de production, on a adopté le 51-49%.Quant à l'ouverture des chaînes de radio, qui est prévue dans la loi organique, elle est tout simplement repoussée. M. Messahel expliquera ce report par la situation particulière du domaine qui est bien différente. Des «contraintes objectives» vont à l'encontre des projets de radios privées, dira-t-il, précisant qu'il s'agit d'un problème de moyens techniques et non pas de contenus des programmes.En somme, pour la télévision, on reste sur les mêmes positions de restriction et pour la radio on recule. Il est bien difficile de voir, là, une ouverture. Et pour irréversible qu'elle soit, elle n'est pas pour autant annonciatrice d'améliorations, du moins pas celles qu'on attendait.H. G.
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Posté Le : 07/01/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hassan Gherab
Source : www.latribune-online.com