Algérie

L'OTAN reconnaît ses limites



«Dans le cadre du mandat actuel, et compte tenu de la manière dont nous procédons ou sommes autorisés à procéder, l’usage de la force aérienne pour protéger les civils libyens au sol a, bien entendu, des limites», a déclaré un haut responsable militaire de l’alliance, le général Mark van Uhm. «Lorsque, comme nous l’avons observé, les forces loyales au régime changent leur tactique, cachent leurs chars en utilisant les civils comme boucliers humains, nous ne pouvons attaquer ces cibles, car cela occasionnerait des dégâts collatéraux», a ajouté le responsable des opérations conjointes de l’OTAN, au siège de l’Alliance atlantique à Bruxelles. «C’est la raison pour laquelle il y a des limites à ce qu’on peut faire avec la force aérienne pour protéger les civils libyens», a-t-il jugé. En six semaines, un millier de personnes ont péri à Misrata et 3000 ont été blessées, selon des sources médicales. La ville située dans l’ouest du pays et donc hors de la zone sous contrôle des rebelles est pilonnée par les forces loyales au régime du colonel El Gueddafi.
La situation humanitaire y est inquiétante.  La France, qui participe à l’intervention militaire, a encore une fois laissé poindre une certaine irritation à l’égard de l’efficacité de l’Alliance atlantique dans la conduite des opérations à Misrata. «Je suis particulièrement indigné par le sort qui est fait à la population de Misrata», a déclaré, hier à Paris, son chef de la diplomatie, Alain Juppé. «Les conditions météorologiques ne sont pas toujours favorables» mais «un canon ça se voit», a-t-il ajouté. «La pression militaire doit être maintenue et même accentuée» sur les troupes du colonel El Gueddafi, a estimé le ministre français, qui a déjà déploré le manque de réactivité et les insuffisances de l’OTAN en Libye, où   elle a pris le relais du commandement militaire le 31 mars.
Le général Mark van Uhm a reconnu que les combats étaient acharnés à Misrata, tout en soulignant que l’OTAN avait détruit 40 chars et plusieurs véhicules blindés des forces pro-El Gueddafi dans la ville et ses environs. «La situation sur le terrain est fluide, chaque camp gagnant et perdant du terrain alternativement», a-t-il dit. «Les forces d’ El Gueddafi ont bombardé Misrata de manière indiscriminée, tuant des gens, en blessant d’autres et provoquant de gros dégâts aux habitations», a-t-il expliqué.
Le responsable de l’OTAN a confirmé que, dans l’immédiat, l’aide humanitaire continuait à pouvoir accéder à la ville par voies terrestre, maritime et aérienne et qu’un couloir maritime sécurisé par des moyens militaires ne lui semblait pas nécessaire. L’Union européenne (UE) s’est dit prête sur le principe à en créer un, si l’ONU le souhaitait. Un mois après le début des premiers bombardements de la coalition   internationale en Libye, l’OTAN s’est dit déterminée à poursuivre sa mission sur le terrain, malgré la résistance du colonel El Gueddafi et l’impression d’enlisement du conflit. «Nous allons continuer», a dit le général van Uhm, rappelant que l’OTAN a fixé plusieurs conditions «claires pour que le conflit cesse», notamment l’arrêt des attaques contre les civils et le départ de l’armée des villes occupées.


 


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