Algérie

L’orientalisme confiné aux caves des musées parisiens



L’orientalisme confiné aux caves des musées parisiens
Art. L’orientalisme a fait irruption au musée d’Orsay. Mais les jours sont comptés avant que ces tableaux ne disparaissent à nouveau dans les réserves du musée. Représentatives du courant artistique du 19e siècle qui s’est intéressé aux cultures turques, maghrébines et arabes, ces œuvres ont été sorties et présentées au public à l’occasion de la nuit des musées, le 17 mai dernier.
Pour cet événement, Stéphane Guégan, chef du service culturel du musée d’Orsay, et sa collègue Rosa Djaoud avaient conçu un parcours orientaliste d’une dizaine d’œuvres encore exposées. Certains tableaux n’avaient pas vu le jour depuis vingt ans, comme Esclave d’amour et lumière des yeux (ci-dessous).
Cette œuvre d’Etienne Dinet, peinte vers 1900, est restée très célèbre jusque dans les années 1930-1940, avant d’être totalement déconsidérée et qualifiée de “vulgaire” ou “kitsch”. Converti à l’islam dans les années 1910, Etienne Dinet a vécu entre la France et l’Algérie, partagé entre deux cultures. La plupart de ses tableaux ont été peints à ses retours d’Algérie. En France, sa palette riche et raffinée a laissé quasi indifférent.
En revanche, ses œuvres ont été très prisées par les collectionneurs arabes, comme celles d’autres peintres français de l’orientalisme : Théodore Chassériau, Jules-Alexis Muenier, Gustave Guillaumet ou Léon Belly. “Les collectionneurs arabes ont joué un rôle décisif, confirme Stéphane Guégan. Ils ont permis d’avoir une autre approche en montrant que ces tableaux ne sont pas des caricatures du monde arabo-musulman.” Le regard des occidentaux sur ces artistes a commencé à changer dans les années 1980. Pour preuve : aujourd’hui, leurs œuvres deviennent presque inaccessibles en salle de ventes.
Mais dans les salles d’exposition, elles restent très discrètes. Aucun espace n’est consacré à l’orientalisme au musée d’Orsay, par exemple, alors que ses réserves comportent une centaine d’œuvres consacrées. “Ces collections sont mal étudiées et mal exploitées par les historiens de l’art en France”, explique Stéphane Guégan. Il y a un déficit de recherche et d’intérêt pour le domaine.”
Contrairement aux pays européens et aux Etats-Unis, l’orientalisme n’est pas considéré comme une catégorie en France. “Il serait tant de s’y mettre, estime Stéphane Guégan. L’orientalisme n’est pas là pour régler le problème des banlieues mais pour contribuer à faire changer le discours et la vision de l’islam.” Depuis peu, le musée d’Orsay a un nouveau directeur, Guy Cogeval. Un changement de direction qui ouvre de nouvelles perspectives à l’art orientaliste.



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