Algérie

L'Organisation spéciale et l'insurrection de Novembre



Par Mustapha Hadni, ancien porte-parole du PLD
L'histoire du mouvement national, de l'Algérie combattante et puis révolutionnaire accorde très peu de place au rôle premier de l'Organisation spéciale (OS) et ses membres dans l'irrésistible ascension d'un militantisme révolutionnaire qui est parvenu, au fil du temps, à mobiliser tout un peuple dont l'action et les sacrifices ont eu raison du colonialisme français.
L'insurrection de Novembre a été l'?uvre de l'organisation paramilitaire, cette minorité dans la grande minorité, que tout le monde ou presque suivra, à l'occasion du Congrès de la Soummam. Le 1er Novembre fit justice de beaucoup de simulacres vénérables et des alliances contre-nature les plus flagrantes.
Ce mouvement irrésistible vers l'Algérie indépendante a eu raison d'abord des Oulémas, UDMA et PCA : trois tendances, qui, de manières différentes, adhéraient au principe de l'assimilation, et s'évertuaient à rechercher vainement les traces de la nation algérienne et à revendiquer l'intégration à travers des réformes administratives et sociales toujours dans le cadre colonial, et ensuite de Messali et ses inconditionnels.
Ainsi Messali et ses lieutenants avaient pris le sens inverse de l'Histoire : au lieu de s'engager au plein sens du terme dans le mouvement naissant dont ils disaient être leur ?uvre, ils s'opposaient aux pionniers de la révolution et des artisans de la victoire. Mezerna, le fidèle de Messali au lendemain du premier Novembre, se rendit au Caire pour dissuader les Egyptiens de soutenir la révolution algérienne naissante et le FLN /ALN en guerre.
N'hésitant pas à rompre avec les traditions de leur milieu social et professionnel respectif, les membres de l'OS ont toujours ou souvent suscité de vives tentions avec leurs familles. Ils se distinguaient particulièrement par leur action et leur position contre le colonialisme français et pour la liberté de l'Algérie. Ils avaient connu les affres de la prison quelques mois après le démantèlement de l'organisation paramilitaire.
Ils exprimaient leur fidélité au pays combattant et à l'idéal révolutionnaire et, à plus d'un titre, étaient les acteurs d'une époque, d'une génération qui avaient mis en mouvement le pays et avaient enclenché un tournant historique pour mener le combat ultime et libérer ainsi le pays de la longue nuit coloniale. Se lançant dans l'action militaire, l'organisation paramilitaire comptait les éléments les plus actifs dans l'encadrement révolutionnaire dans les villes et dans les campagnes.
Ils ont bousculé les idées reçues, les valeurs morales et ont exercé inévitablement, à moyen terme, des effets sur les représentations de l'ordre social et ont alimenté la réflexion sur l'organisation politique. Ils ont transformé l'univers du pensable et du raisonnable. L'organisation paramilitaire a permis en effet de comprendre comment elle a produit des registres d'intelligibilité pour penser le mode révolutionnaire, son organisation, son fonctionnement et sa légitimité.
Ses membres furent et demeurent les figures emblématiques qui ont su tracer clairement les objectifs, former les hommes et organiser l'action armée. Ils étaient les pères, les pionniers actifs, les architectes et les artisans de la Révolution. Ils ont ouvert les vannes à cette masse de combattants (ceux qui étaient au maquis depuis 1947) ; d'abord potentiels, de la lutte armée devenus très vite les cadres irremplaçables et les soldats de la guerre de Libération nationale. Le Congrès de la Soummam a mis des structures adéquates et des moyens politico-militaires appropriés et leur a donné l'espace et la durée requis pour toute action directe au sein du peuple algérien colonisé.
Ils ont été les représentants dignes de l'Algérie dont les sacrifices et la lutte indomptable ont ému le monde entier en lui attirant l'admiration universelle. L'Algérie combattante et le nationalisme libérateur du FLN/ALN avaient fait parler de l'OS à travers le monde entier.
L'Histoire retiendra la place éminente et le rôle décisif que furent et demeurent l'Organisation spéciale et ses membres dans l'histoire du combat pour arracher le pays de la tutelle coloniale des plus redoutables. Pour la première fois, l'Algérie, emmenée par une organisation radicale et un mouvement d'ensemble porté principalement par sa jeunesse, s'était imposée.
Aujourd'hui comme hier, l'on peut affirmer que, sans eux et sans leur engagement et leur action, la révolution du 1er Novembre aurait été impossible ! Gloire à nos martyrs !
M. H.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)