Algérie

L'organisation des marchés réduit la capacité de la Banque d'Algérie à juguler l'inflation (Laksaci)



L'organisation des marchés réduit la capacité de la Banque d'Algérie à juguler l'inflation (Laksaci)
Pour le gouverneur de la Banque d'Algérie, la grande hausse des prix en 2012 (8,9%) n'est pas d'origine monétaire mais constitue le résultat "d'une formation des prix opaque et abusive, nourrie par la hausse des salaires dans un marché marqué par les positions dominantes et un recours abusif au cash dans les transactions". La Banque centrale, a affirmé Mohamed Laksaci, ambitionne de ramener le taux d'inflation à 4 à 5% à moyen terme.
Le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Laksaci, a reconnu, lundi à Alger, que la capacité de la Banque à juguler l'inflation restait limitée, car ce phénomène dépend plus de l'organisation des marchés internes que des facteurs monétaires.
Le "pic" d'inflation de 8,9% enregistré en 2012 contre 4,5% seulement en 2011, a été en fait dû à une "hausse brutale et subite de l'indice des prix à la consommation dès janvier 2012", a expliqué M. Laksaci dans sa présentation à la presse des tendances monétaires et financières du 2e semestre de 2012.
En janvier 2012, l'indice des prix à la consommation faisait ressortir une hausse de 2,3%, soit 5,5 fois la hausse mensuelle moyenne de cet indice en 2011. L inflation a grimpé à 5,91% en mars, puis à 7,29% en juin pour terminer l'année à 8,89%, a-t-il rappelé.
Cette tendance a été, par contre, accompagnée d'une "décélération des rythmes d'expansion monétaire", d'autant plus que la masse monétaire M2 avait progressé en 2012 au rythme "le moins élevé des sept dernières années", a fait remarquer le gouverneur.
Un taux d'inflation "cible" de 4 à 5% à moyen terme
L'inflation de 2012 n'a pas été donc d'origine monétaire mais constitue le résultat "d'une formation des prix opaque et abusive nourrie par la hausse des salaires dans un marché marqué par les positions dominantes et un recours abusif au cash dans les transactions", a-t-il expliqué.
La "faible organisation des marchés de gros et de détail et la faiblesse du contrôle en matière de respect des lois et règlements en vigueur" ont été également pointés du doigt par le gouverneur qui a noté que les mesures prises par les pouvoirs publics pour réorganiser ces marchés ne pouvaient pas donner leur effet (sur l'inflation) dans l'immédiat.
Chiffres à l'appui, M. Laksaci a rappelé que les prix des produits alimentaires avaient affiché en 2012 une "très forte accélération" de 12,22%, alors que les prix des produits agricoles frais explosaient de 21,37%.
Essayant de contribuer à contenir l'inflation, la BA, qui table sur un taux d'inflation "cible" de 4 à 5% à moyen terme, a augmenté le montant des reprises de liquidités de 250 milliards de dinars (mds DA) en avril 2012, le portant de 1.100 mds DA à 1.350 mds DA, a-t-il rappelé.
Absorber les liquidités pour juguler l'inflation
Un nouvel instrument de reprise de liquidité, portant la durée maximale de reprise à six mois, au lieu de trois mois auparavant, avec un taux d'intérêt plus incitateur pour les banques, a été en outre adopté par la BA depuis janvier 2013, a-t-il informé.
Interrogé par ailleurs sur les motifs qui empêchent le développement des instruments modernes de paiement en Algérie, il a répondu que l'Algérie n'accusait "aucun retard en termes d'infrastructures modernes de paiement" mais que c'était "l'ampleur du marché informel qui en est la cause".
Quant à la question récurrente de la dépénalisation de l'acte de gestion bancaire, M. Laksaci a fait savoir qu'un groupe de travail regroupant la Banque d'Algérie travaillait d'arrache-pied sur ce dossier, sans pour autant avancer de détails sur le degré d'avancement de cette action ni sur ses éventuelles débouchées.
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