Joyeuse bande de musiciens débarqués soudainement sur la scène parisienne, l'Orchestre National de Barbès (connu par les aficionados sous le nom de l'ONB) représente le nouveau courant de la musique world maghrébine.
L'histoire remonte au début des années 80 dans le quartier de Belcourt à Alger. Youcef Boukella écoute du rock et de la bossa nova avec ses grands frères. Devenu bassiste, il joue dans le premier groupe de rock algérien, T 34, dès l'année 85. Il embarque ensuite dans les valises d'un musicien américain, Jeff Gardner pour Paris. Il se retrouve au milieu de la tourmente raï du moment. Il accompagne alors Cheb Mami ou le kabyle TakFarinas. C'est le musicien Safy Boutella qui l'initie au jazz underground. Il enregistre alors un album de quatre titres avec Larbi Dida, ex-chanteur de Raïna Raï, groupe de raï-rock. En 1994, il enregistre un album solo "Salam".
Larbi Dida est originaire de Sidi Bel Abbès en Algérie. Il est installé à Paris depuis 89 après avoir été le premier à imposer le raï sur les ondes des radios de son pays d'origine. C'est une des grandes voix des nuits arabes de la capitale française.
Ami lui aussi de Youcef, Aziz Sehmaoui a été élevé à Marrakech au Maroc. De confession Soufi, il est imprégné de la musique des Gnawas et de pop occidentale. Il se produit au Maroc avec divers groupes traditionnels et électriques.
Fateh est un des derniers arrivés. Exilé de la Casbah d'Alger à cause de la violence quotidienne, il est depuis son jeune âge initié à la musique arabo-andalouse, remplaçée par la suite par le Chaâbi, style musical algérois plus populaire. Fateh accompagnera d'ailleurs de grands interprètes de ce genre.
Né dans le 14ème arrondissement de Paris, Kamel quant à lui, est celui par qui le rythme de la parole arrive. Percussionniste et amateur de raggamuffin, il sait allier l'utilisation d'instruments traditionnels et le beat des boîtes à rythmes.
Bougnoule connectionCes musiciens réunis autour de Youcef, ont été aidés dans leur quête de succès par un certain Djilali, agitateur d'idée et initiateur de la "Bougnoule Connection", courant humoristique qui est à l'origine de projets plus sérieux. Celui-ci a consacré deux années à mettre sur orbite cette nouvelle génération d'artistes maghrébins. L'ONB tourne durant cette période dans les festivals européens.
Leur travail est unique : détenteurs d'une connaissance particulière de la musique traditionnelle d'Afrique du nord, aussi bien au niveau technique que spirituel, ils continuent pourtant leur recherche de sonorités nouvelles. La pop fait aussi partie intégrante de leur style et s'y glisse facilement grâce aux instruments électriques. Le saxophoniste du groupe de jazz Sixun Alain Debiossat, ainsi que les claviéristes Jean-Baptiste Serré et Tewfik Mimouni viennent aussi apporter leur collaboration à cette entreprise de fusion musicale. Dans les concerts, on les voit tous rayonner de plaisir à jouer ensemble dans une complicité que l'on devine sincère.
Leur premier concert a lieu au New Morning, célèbre salle parisienne essentiellement dédiée au jazz. Au départ, ce sont vraiment des "boufs" au sein desquels chacun improvise sur tel ou tel thème proposé. Petit à petit, naissent des structures plus arrêtées quant au déroulement des spectacles.
BarbèsEn février 1997, sort un premier album éponyme enregistré en public à l'Agora d'Evry en banlieue parisienne. Sur la pochette figure en guise de totem un vieil homme gnawa (descendant des esclaves noirs) qui tire la langue, comme un pied de nez à ceux qui n'aimeraient pas leur fratrie. La sortie de cet album, auto-produit sur le label Samarkand, est suivi le 28 février, 1er et 2 mars par des concerts à la Cigale. Rassemblant autour d'eux la communauté maghrébine, il touche aussi un public plus large intéressé par la "World Music". C'est ainsi qu'ils donnent un autre concert à Paris à la Grande Halle de la Villette dans le cadre du festival consacré à l'Afrique, Ouaga-Carthage le 5 avril.
La scène étant le véritable lieu d'expression de leur art, l'Orchestre National de Barbès enchaîne en avril le Printemps de Bourges, en mai le Festival des Musiques Métisses d'Angoulême, en juin le Festival de la Jeunesse à Ivry-sur-Seine.
Dorénavant un peu plus organisé autour d'une véritable structure, l'ONB a posé ses valises dans une ancienne usine de peinture aménagée en studio, salle de réunion et de répétition, et bureaux. Mais dès 98, ils repartent sur les routes pour, entre autres, une mini-tournée de trois dates à Barbès, quartier de Paris à forte population arabe et africaine, d'où ils tirent leur nom.
Leur longue tournée s'envole quelques jours aux Etats-Unis en juillet 98 pour le festival Vive La World dont la première date prend pour décor le Summerstage Festival de Central Park à New York.
PollenIl faut attendre mai 99 pour que l'ONB sorte un nouvel album très attendu, "Poulina". Groupe de scène avant tout, il leur a fallu du temps pour rentrer en studio pour la première fois puisque le premier album était entièrement live. En dépit du succès, le groupe continue d'auto-produire ses disques afin de garder les mains totalement libres. Quelques jours avant la sortie de l'album, les 17 membres de l'ONB envahissent la scène de l'Olympia. Ils se produisent aussi au Zénith à Paris le 2 novembre à l'occasion d'une importante tournée d'automne. Mais en 2000 et en 2001, l'élan ne cesse pas et on les retrouve sur maints festivals, en France et à l'étranger.
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Posté Le : 08/09/2007
Posté par : nassima-v
Source : www.orientalement.com